Les élections départementales, dimanche en France, doivent confirmer le Front national dans sa position de poids-lourd du paysage politique hexagonal.
C’est du moins ce que martèlent les grands médias depuis des mois.
Bien que la représentation du FN soit très marginale de par le nombre de ses élus et ses conquêtes électorales (11 communes sur 36 660), sa présence sur les écrans, les ondes et dans les journaux dépasse parfois celle des grands partis. L’exemple de BFM-TV, consacrant en 2014 près de la moitié de son temps d’antenne au FN lors de la campagne des municipales, démontre une tendance bien plus dictée par la course à l’audimat que par les convictions politiques.
Inviter un Le Pen – père ou fille – sur un plateau de télé est une promesse de buzz, l’assurance d’être repris par les autres médias sur une petite phrase, parfois un dérapage raciste du patriarche. La politique-spectacle est incompatible avec le débat de fond sur les propositions d’une Marine Le Pen dont l’ignorance n’a d’égale que ses certitudes malsaines.
Nul journaliste pour rappeler que ce parti, se posant en défenseur de la veuve et de l’orphelin, est aussi celui qui, au Parlement européen, vote toujours en faveur des directives socialement les plus destructrices et économiquement les plus libérales.
Cette frénésie des médias en faveur de l’extrême droite ne se limite cependant pas à garantir aux Le Pen une présence disproportionnée dans l’espace public. Elle se traduit aussi par le rejet de toute alternative au néolibéralisme plébiscité par le parti socialiste et l’UMP. Que des propositions nouvelles sur la conduite des affaires politiques, sociales et économiques surgissent du centre, de gauche ou de l’écologie, elles sont aussitôt raillées, ridiculisées ou ostracisées. Il en est allé ainsi du Front de gauche, du Modem ou des écolos.
Les politiques antisociales portées par les conservateurs, les libéraux et les socialistes font le lit de l’extrême-droite, en France comme ailleurs en Europe. Mais les nouveaux fachos peuvent aussi compter sur des médias dont le seul fondement est devenu l’obsession de l’audience.
Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)