Le Luxembourg ne compte plus ses chômeurs qualifiés. Ils sont actuellement plus de 26 % à gonfler les statistiques de l’Adem, un chiffre en constante augmentation, alors même que le pays manque de main-d’œuvre. Diplômés majoritairement avec des bacs +3/4 dans le domaine des sciences (appliquées, économiques ou sociales), ils ne répondent pas, dixit le ministre du Travail, aux «compétences et/ou domaines qui sont en demande sur le marché» actuellement.
Il faudrait donc songer à «s’upskiller» ou se «reskiller», pour reprendre les termes de l’Adem, dans des domaines qui ne correspondent pas directement à notre parcours académique, afin de trouver un emploi aujourd’hui au Grand-Duché. Vous souhaitiez devenir RH ou travailler dans la finance ? Allez donc plutôt vous former en télécommunications, c’est là-bas qu’on recherche et qu’on embauche en 2024.
Plus facile à dire qu’à faire, non ? Il est sans aucun doute difficile, après avoir investi autant de temps, d’énergie et d’argent dans des études, de voir les portes du marché du travail se fermer devant nous.
Et l’exception luxembourgeoise vient encore alourdir le problème : les talents sont là, oui, mais sont majoritairement des étrangers, d’origine ukrainienne, indienne ou encore brésilienne. Leurs diplômes ne sont donc pas forcément reconnus et la barrière de la langue reste un frein important, même dans ce pays cosmopolite.
La sacralisation des études longues semble avoir pris un bon coup derrière la tête. Le temps des «tu feras de longues études, ma fille, tu décrocheras un master qui t’assurera de trouver un emploi», bien révolu. Aujourd’hui, obtenir un diplôme ne protège plus du chômage. Les étudiants sont bien trop nombreux à décrocher le même diplôme, alors même que le nombre de postes qualifiés, lui, reste en deçà.
Le Luxembourg ne manque pas vraiment de talents, non. Ils sont là, veulent s’investir, attendent, espèrent. Mais doivent changer pour s’adapter. Et renoncer peut-être à leurs rêves de gosse. C’est ça aussi, devenir adulte?