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Mal de tête ou diarrhée?

Le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises, Michel Reckinger, a le sens de la formule. Après avoir pris connaissance, hier, des dernières prévisions du Statec, le patron des patrons a lâché sèchement que «l’index est une pilule contre le mal de tête, mais l’économie souffre d’une diarrhée». Traduisez : au vu de la flambée des prix, le versement d’une tranche indiciaire, soit une revalorisation des salaires de 2,5 %, ne serait de loin pas suffisante pour vraiment aider les ménages. Placées devant la menace d’une «récession», les entreprises seraient en outre incapables de supporter un nouvel index. Et certainement pas les cinq tranches supplémentaires qui s’annoncent.

Le camp syndical ne va certainement pas nier que les quelques dizaines d’euros que l’index offrirait aux ménages ne pèsent pas très lourd face à l’explosion des factures de gaz (+80 %) et d’électricité (+35 %). Mais est-ce que la tripartite réussira à s’accorder sur des mesures qui pourraient amener les syndicats à accepter une nouvelle mise entre parenthèses de l’index?

Les compensations financières devront être (très) substantielles pour espérer dégager un compromis, mais aussi pour éviter que les ménages soient privés de chauffage en hiver. Il reviendra à l’État de débloquer les ressources financières nécessaires, même si le camp patronal a laissé entrevoir, hier, qu’il «n’allait pas fuir ses responsabilités» dans la perspective d’une contribution au financement du paquet d’aides qui sera à ficeler. Mais jusqu’où le gouvernement, et plus particulièrement la ministre des Finances, Yuriko Backes, acceptera-t-il de bouger?

A priori, il est exclu de passer outre le seuil de la dette publique fixé à 30 % du PIB. Les pays de la Zone euro peuvent s’endetter à hauteur de 60 %. Trop risqué pour la stabilité financière du Luxembourg. Le mur des 30 % s’est fortement rapproché avec les paquets d’aide déjà ficelés (covid, énergie). Le fait que les entreprises ont aussi un fort besoin de soutien pour affronter la crise énergétique va-t-il forcer le gouvernement à franchir cette limite?

L’enjeu de la tripartite est énorme. Les responsabilités à porter par les partenaires sociaux aussi. Les jeux de mots doivent faire place à une négociation sérieuse.

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