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Mais quel est l’intérêt?

Quelle réussite, quel triomphe pour la Ville de Paris! Elle vient en effet de se voir attribuer les Jeux olympiques 2024 face à… personne. Eh oui, organiser les JO est une si bonne affaire que pour les olympiades de 2024 et 2028, il n’y avait que deux candidats : Paris et Los Angeles. Depuis 1976 et les JO de Montréal, aucun pays organisateur n’a respecté les coûts prévus. Dans une France frappée par le chômage de masse, la pauvreté (8 millions de pauvres) et les cures d’austérité, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de cette candidature. Les Français seraient-ils meilleurs gestionnaires que les Britanniques (Londres-2012 a coûté 12 milliards d’euros au lieu de 6) ou que les Japonais (Tokyo-2020 est passé d’une facture de 6,4 milliards d’euros à plus de 16)?

Dans le domaine financier, l’argument de poids de la candidature parisienne est que l’immense majorité des infrastructures existent déjà. Mais ne faudra-t-il pas les rénover? Et à combien va s’élever la facture sécuritaire dans un pays où les forces de sécurité sont déjà soumises à rude épreuve?
Un des autres arguments est que les JO seront une vitrine pour la France. Paris a-t-elle vraiment besoin de cela pour être une des villes les plus touristiques du monde dans le pays le plus visité du monde? Il y a également le raisonnement fallacieux selon lequel le département de la Seine-Saint-Denis (le plus pauvre de l’Hexagone) profitera de l’installation du village olympique sur son territoire. Mais comme à Londres, cela ne fera qu’augmenter les prix de l’immobilier et les classes populaires seront refoulées encore plus loin de la capitale.

Vouloir promouvoir la pratique sportive est louable, mais les JO n’ont aucune influence sur celle-ci. Plutôt que de tomber dans la folie des grandeurs, ne serait-il pas plus judicieux de se concentrer sur des projets locaux à taille humaine, qui profiteraient vraiment aux habitants, plutôt que sur un évènement sportif qui, à l’instar de la Coupe du monde de football, est devenu le symbole de l’argent roi et un paradis publicitaire pour marques de boisson gazeuse et de carte de crédit?

Nicolas Klein