Certains jardiniers feraient mieux de garder leur main verte dans leur poche. Pour leur bien ! Car au Luxembourg comme ailleurs, on use et on abuse encore du Roundup. Or les critiques s’accumulent sur la nocivité de ce pesticide que peine à dissimuler son emballage aux couleurs champêtres. «Roundup, le premier désherbant biodégradable», a longtemps prétendu une publicité… finalement jugée «mensongère» par la justice, et interdite.
Car seule une faible partie du pesticide se dégrade. Et le reste n’est pas fameux. Principale matière active du Roundup, le glyphosate a été classé «dangereux pour l’environnement» par les autorités européennes. Car le glyphosate est un herbicide total. Il tue toutes les plantes, sauf celles qui ont été génétiquement modifiées pour y résister. Cela tombe bien, car le producteur du Roundup, Monsanto, est aussi le leader des OGM. Et il n’y a pas que les mauvaises herbes qui en font les frais : l’OMS a reconnu le glyphosate comme «cancérogène probable».
Or l’autorisation de cette substance en Europe expire à la fin de l’année. La Commission européenne devra se baser sur une réévaluation des risques réalisée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments pour se décider : on repart pour 10 ans, ou on interdit le glyphosate ? Ce pesticide étant le plus vendu dans le monde, les enjeux sont colossaux.
Mais l’interdiction n’est certainement pas pour demain. Car le comité chargé d’évaluer les risques est composé, pour un tiers, d’experts directement salariés des géants de l’agrochimie ou des biotechnologies. De quoi décrédibiliser davantage des institutions européennes qui n’en ont pas besoin…
Malgré tout, au Luxembourg, une petite révolution est en marche. Deux tiers des communes se sont engagées à bannir les pesticides de leur territoire, et une vingtaine l’ont déjà fait. Et récemment, plusieurs magasins (Cactus, Hela et Bâtiself) ont annoncé l’impensable : faire disparaître le Roundup de leurs rayons, ainsi que tous les autres produits contenant du glyphosate. Ont-ils senti le vent tourner ? Aux consommateurs de suivre le mouvement et d’avoir la main vraiment verte.
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)