Il y a en France ceux qui jugent qu’Emmanuel Macron a eu raison de se rendre à Washington et de se mettre en scène tout sourire aux côtés de Donald Trump pour tenter d’infléchir sa position sur l’accord nucléaire avec l’Iran. Et puis il y a ceux qui, à l’image du député LR Daniel Fasquelle, estiment que «la France se prostitue devant les États-Unis».
Il est vrai qu’à ce jour, la stratégie du chef de l’État français face à Trump est vouée à l’échec, le locataire de la Maison-Blanche n’ayant pas plus cédé sur l’Iran qu’il ne l’a fait sur l’accord de Paris sur le climat. «Nous ne pouvons plus laisser d’autres décider pour nous», a dit Macron après la décision américaine de rompre l’accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran et de sanctionner les entreprises qui continueront à travailler avec ce pays.
Le ton de son intervention a été salué par le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, espérant sur Twitter que le président français agira «dans l’esprit d’une véritable souveraineté européenne». Les semaines et mois à venir diront si les Européens seront capables de s’émanciper de la tutelle américaine. Devant les caméras, Macron a tout l’air de prendre cette direction, tout en durcissant depuis des semaines sa position vis-à-vis de l’Iran. En déclarant vouloir sauver l’accord nucléaire en l’élargissant, le président français rapproche en réalité sa position de celle des États-Unis qui voudraient également interdire à Téhéran la poursuite de son programme balistique. Une ligne rouge pour les Iraniens, qui avaient prévenu en 2015 que l’accord signé avec les Occidentaux, la Russie et la Chine se limitait au seul nucléaire militaire.
Pour l’Iran, son programme balistique est affaire de dissuasion et d’influence régionale – notamment face à Riyad. De souveraineté en somme. Dès lors, tout porte à penser que c’est davantage Trump qui infléchit la position française que le contraire. Mais est-ce si étonnant que cela ? Dans un entretien au magazine Forbes publié le 1er mai, Macron se targuait d’être l’un des rares à comprendre Trump avec qui, a-t-il dit, il partage la qualité d’être un «faiseur d’affaires». Mais à ce jeu et pour l’instant, c’est bel et bien Trump qui s’impose.
Fabien Grasser