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Ma langue au ChatGPT

Deux voyelles qui en disent très long. IA, pour intelligence artificielle. Comme à peu près tout le monde, cette technologie me fascine autant qu’elle m’inquiète. Tiens, voici mon tour de rédiger l’éditorial du jour. Grosse panne d’inspiration. Je puise dans mes sujets de prédilection. Les droits des femmes inlassablement bafoués dans le monde : déjà fait et refait. La réforme inacceptable des retraites en France : déjà vu et revu. La guerre ignoble en Ukraine, Poutine et Wagner : déjà écrit et réécrit. Je sèche un peu, c’est vrai, sur ce coup.

Alors je décide de donner ma langue au ChatGPT. Après tout, les uns et les autres le font bien en ce moment. Même des ministres luxembourgeois, dans de récentes réponses parlementaires, ont tenté leur chance. Pas glorieux, le résultat, du reste.

Je me lance, allez. Déjà, comment s’adresser à l’algorithme, vouvoiement ou tutoiement? Je prends la seconde option. J’y vais un peu fort direct, il faut bien l’avouer. «Peux-tu écrire un éditorial sur l’intelligence artificielle et les dangers pour l’être humain?» Réponse quasi immédiate : «Désolé, ChatGPT semble être en maintenance». Notons que le robot conversationnel parle de lui-même à la troisième personne et n’est pas complètement certain de ce qu’il est en train de faire. Ça promet. D’accord, visiblement, la question dérange. En même temps, demandez à un psychopathe s’il est conscient de mettre en péril la société… Très bien, essayons autre chose, largement plus neutre. «Peux-tu m’expliquer le système politique luxembourgeois?» Parce qu’après de nombreuses années à travailler au Grand-Duché, je le concède, certaines subtilités m’échappent toujours. Là encore, «désolé…»

Ça va, j’ai saisi, je dois donc me coller à l’exercice, toute seule comme une grande fille. J’ai au moins compris une chose. L’intelligence n’est pas si artificielle que cela. Même douée d’aucune empathie, d’aucune sensibilité. J’en conclus, surtout, que les humains ont de beaux jours devant eux. Et que la connerie restera bien naturelle. Personne ne va remplacer nos fragiles êtres, quand bien même nous sommes considérés comme des machines. Exploités jusqu’à l’usure. Jusqu’au bout de l’inacceptable. Aucun robot ne s’en plaindra. Alléluia!

Alexandra Parachini