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Luxembourg : cannabis en herbe

Phénomène de mode, remède miracle ou coup financier fumant : le CBD divise. Sous forme de cigarette, d’huile ou d’infusion, il a changé la vie de ses adeptes qui prêchent sa bonne parole aux sceptiques y voyant une drogue de hippies, escalier vers des paradis encore plus artificiels.

Le cannabis, industriel ou pas, est une plante. Et est, de ce fait, bien meilleur pour la santé que les produits chimiques que nous fait avaler la médecine traditionnelle contre les bleus à l’âme et au corps. L’humain qui se veut conscient surveille ce qu’il consomme, le bio est politiquement correct et le vert est la couleur à la mode. Certains y ont vu une opportunité de faire de leur passion un métier et d’autres de se faire un paquet de billets verts en toute légalité. Les boutiques de CBD ont poussé comme des champignons – une quarantaine – dans nos villes pour vendre du CBD aux qualités variables et des géants (pas si verts) internationaux sont tapis aux frontières, prêts à s’abattre sur un marché luxembourgeois qu’ils estiment juteux. Selon l’European Cannabis Report, on estime que le commerce du CBD rapporte 100 millions d’euros par an en Europe et pourrait rapporter jusqu’à 2 milliards d’euros en 2028.

Inconnu des non-fumeurs d’herbe il y a encore deux ans, le CBD intrigue et ne laisse pas indifférent. Y a pas de mal à se faire du bien, disait ma très sage grand-mère en trinquant, mais aurait-elle accepté de tirer sur un joint au CBD pour calmer son arthrose ? Certainement pas ! C’est de la drogue, se serait-elle offusquée. Le produit est vendu librement, au même titre que l’alcool et les cigarettes. Il va même être taxé à la même hauteur que ces dernières. Pourtant, si on reconnaît assez facilement boire un coup en trop ou fumer dès le matin, on avoue difficilement se rouler un «pétard» de CBD présenté comme inoffensif. Si personne ne l’utilise, alors qui l’achète et pourquoi y a-t-il autant de shops? Trop subversif ou pas assez, voire carrément dépourvu d’intérêt ou coup fumeux, le CBD n’est pas près d’être fumé dans le calumet de la paix des sceptiques.

Sophie Kieffer