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L’uppercut du kangourou

Le scandale arrive une nouvelle fois par Facebook. Il est question de la pièce de théâtre pour enfants Ein Känguru wie du («Un kangourou comme toi»), de parents offusqués que l’on montre une pièce traitant de l’homosexualité à leurs enfants de 11 ans et d’un député ADR, Fernand Kartheiser, qui sert de relais aux parents et à des propos douteux. En Allemagne, des représentations ont été annulées, faute de public, et des parents ont prétexté une maladie imaginaire pour éviter de confronter leurs bambins à la copulation de deux mâles, qui n’est, soit dit en passant, pas le propos de la pièce. Ein Känguru wie du fait tomber les préjugés, l’ignorance, les replis identitaires… et promeut l’amour sous toutes ses formes. Ce rejet de la pièce montre à quel point la jouer est important.

Dans un monde moderne et connecté, dans un pays qui prône l’inclusion de tous, dont le Premier ministre, Xavier Bettel, et le vice-Premier ministre Étienne Schneider sont homosexuels, la question ne devrait même pas se poser. «Oui, il y a des hommes qui aiment les hommes et des femmes qui aiment les femmes, comme papa aime maman.» Tout le problème est là : un couple, c’est forcément un papa et une maman. Toute autre option est traumatisante et contre nature. Ou plutôt, contre l’idéologie nataliste des nationalistes ou les idées de bon ton de «gens bien».

Le député, très préoccupé par le traumatisme que la pièce pourrait causer aux jeunes spectateurs non avertis, a adressé une question parlementaire au ministre de l’Éducation nationale, concernant le bien-fondé de cette malheureuse initiative. L’église va-t-elle rester au milieu du village ? «Est-il aussi prévu de montrer des pièces de théâtre sur des familles hétérosexuelles, traditionnelles et naturelles qui présentent ce style de vie de manière positive ?», interroge-t-il.

La question parlementaire a fait le tour de la toile, le député s’y fait taxer d’homophobie, des kangourous arc-en-ciel bondissent gaiement sur les réseaux sociaux pour faire la nique aux idées rétrogrades et puantes. Comme le dit la pièce : «Femme, homme, ananas, ce que l’on aime est égal, du moment que l’on aime.»

Sophie Kieffer