Accueil | Editoriaux | Lune de miel

Lune de miel

Les agriculteurs sentent un «nouveau vent» souffler sur le pays. Enfin, le gouvernement serait à l’écoute d’un secteur en crise. Le duo CSV-DP ne se rendrait pas coupable d’une politique agricole et environnementale empreinte d’«idéologie». Sans les citer, on vise encore et toujours déi gréng, alors que c’est bien le LSAP qui a détenu, lors des cinq dernières années, le ministère de l’Agriculture. Entre 2013 et 2018, leur ministre de tutelle était issu des rangs du DP. Le même Parti libéral s’est maintenu dans la coalition gouvernementale après les législatives du 8 octobre dernier.

À peine assermentée, la nouvelle ministre de l’Agriculture, Martine Hansen (CSV), n’a pas tardé à lancer une opération de charme auprès du secteur agricole. Elle a multiplié les entrevues avec ses représentants. D’importantes promesses ont été formulées par l’ancienne directrice du lycée technique agricole. Moins de lourdeur administrative, plus de liberté pour construire des installations agricoles dans les zones vertes, promotion renforcée des produits du terroir et, surtout, maintien intégral des aides destinées aux secteurs agricole et viticole.

Cette offensive a évité au Luxembourg de vivre les mêmes mobilisations, en partie violentes, des agriculteurs, qui bloquent depuis des semaines des autoroutes et dépôts de distribution à travers l’Europe entière. «Où sont nos amis luxembourgeois ?», se sont même demandé les organisateurs de la fronde belge, lorsque ces derniers ont paralysé l’autoroute E411 à hauteur de la frontière avec le Grand-Duché.

Les syndicats grand-ducaux ont bien déclaré être solidaires avec leurs collègues belges, allemands et français, mais ont estimé qu’il serait «absurde» de descendre dans la rue alors qu’un dialogue prometteur s’est engagé avec le nouveau gouvernement.

Mais combien de temps va durer la lune de miel avec la ministre Martine Hansen et, aussi, le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes (CSV)? Mercredi, les jeunes agriculteurs ont décidé de briser la trêve en bloquant, avec leurs homologues de la Grande Région, le pont frontalier à Schengen. Une mise en garde a été formulée : si les choses n’évoluent pas en leur faveur, ils n’excluent pas de paralyser le Luxembourg. Rien n’est encore acquis.