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L’UE, cette « radicalisée »

À l’instar de ce que peut faire l’association SOS Radicalisation au Luxembourg avec respect.lu, nous avons besoin d’urgence d’un centre de déradicalisation pour les institutions européennes que l’on pourrait nommer respect.eu. L’Union européenne est en effet tellement gavée au libre-échange et au libéralisme classique et sa concurrence libre et non faussée qu’elle est incapable de repenser et remettre en cause son idéologie fondatrice, qu’elle en fait une interprétation littérale comme pourrait le faire un extrémiste religieux avec des textes sacrés.

Elle est ainsi capable de signer des accords de libre-échange avec l’un des plus mauvais élèves du G20 en matière climatique (le CETA avec le Canada en cours de ratification), avec un président ouvertement fasciste et qui se moque éperdument de l’avenir du poumon amazonien de la planète (le Mercosur avec le Brésil de Jair Bolsonaro) ou avec une dictature communiste où les droits de l’homme et des travailleurs ne pèsent pas bien lourd (accord avec le Vietnam).

Et le pire c’est que l’UE en est fière. La Commission a par exemple qualifié d’«historique» l’accord avec les pays sud-américains du Mercosur.

Les citoyens européens votent en masse pour les écologistes ? Les jeunes sont dans la rue pour réclamer la proclamation de l’urgence climatique ? La globalisation crée une insécurité économique et culturelle qui pousse les peuples à voter pour des partis d’extrême droite ? Les institutions européennes n’en ont que faire, enfermées qu’elles sont dans leur doctrine : liberté de circulation des capitaux, concurrence, fin des barrières douanières, croissance, etc., etc.

Aveuglée, radicalisée, l’UE, malgré la science, les opinions publiques et même tout simplement le bon sens, n’arrive pas à comprendre que la globalisation et le libre-échange ne sont pas les solutions aux problèmes climatiques ou de déclin industriel mais constituent le cœur même du problème. Tant que l’UE ne sera pas déradicalisée, savoir qui sera à la tête de la Commission ou de la BCE ou quel est l’équilibre politique du Parlement européen n’a aucune importance.

Nicolas Klein