Tout est chaos dans les repaires de Twitter, depuis l’arrivée tonitruante d’Elon Musk. Et l’oiseau bleu déchante. C’est que le piaf a pris du plomb dans l’aile, dès son rachat, canardé par des décisions chaque jour plus perchées.
Le milliardaire a commencé par faire le grand ménage dans un nid jugé bien trop douillet. Les employés ont été évalués par des cerveaux de son autre jouet, Tesla. C’est ainsi que les éminences grises ont jugé nécessaire de se débarrasser de la moitié des 7 500 salariés en poste. Le big boss a toutefois rapidement réalisé que l’on ne confie plus les manettes d’un réseau social à une bande de grands gamins qui font du code en short, doigts de pied en éventail dans leurs tongs.
Il a donc repris quelques ouailles, mais n’hésite pas à clouer le bec de ceux qui piaillent un peu trop fort. Le message en moins de 280 caractères vaut d’ailleurs pour tout le monde, sur son «Twitter 2.0 révolutionnaire» : prière de pépier à bas bruit, sous peine de se faire couper les pattes et voir son compte immédiatement suspendu. Un p’tit tweet peu flatteur et son auteur s’en va. Rappelons qu’Elon Musk se présente comme le plus fervent défenseur de la liberté d’expression. Autant d’idéaux et de mots abîmés, surtout.
Une liberté qui aura bientôt un prix pour les twittos certifiés, a priori huit dollars par mois. Et qui se paye déjà cher pour les forçats prisonniers d’une cage même plus dorée. Les plus dociles, contraints d’y laisser leurs dernières plumes, doivent se donner «à fond, à l’extrême», «travailler de longues heures à haute intensité», a écrit l’oiseau de malheur de sa griffe acérée. Et le roi du bad buzz d’inviter cordialement ses sujets à lui prêter allégeance, en cochant «oui» sur un questionnaire à choix unique. Sans la réponse escomptée, la porte était grande ouverte. Au terme de l’ultimatum qui expirait jeudi, ils l’ont claquée par centaines, cartons sous le bras. Des bureaux sont également en train de fermer. Et sur la plateforme elle-même, le hashtag #RIPTwitter pointait en tête des tendances vendredi. Nombreux sont les utilisateurs qui ont décidé de migrer vers des cieux numériques plus cléments. Toute une génération désenchantée.
Alexandra Parachini