Accueil | Editoriaux | L’offensive ukrainienne

L’offensive ukrainienne

La lassitude de la guerre aurait-elle aussi atteint Volodymyr Zelensky? La réponse est non. S’il cherche à mettre fin aux combats dès 2025, ce ne sera pas à n’importe quel prix. «La Russie doit perdre la guerre contre l’Ukraine. Il ne peut y avoir de « gel » (du front). Il ne peut y avoir d’échange concernant le territoire de l’Ukraine ou sa souveraineté», a martelé hier le président ukrainien devant son Parlement. Tout autre scénario ne ferait que conforter le Kremlin dans sa soif de conquêtes. Qui l’empêcherait d’aller plus loin?

L’Ukraine cherche donc à mettre les troupes russes au pied du mur afin de forcer Vladimir Poutine à s’asseoir à la table des négociations. Pour l’instant, ce sont pourtant les forces ukrainiennes qui se retrouvent sur la défensive. Seule une intensification des livraisons d’armes par les alliés de Kiev peut replacer l’Ukraine dans une position de force. Un premier pas important serait de lever les restrictions sur l’utilisation des (rares) armes de longue portée sur l’ensemble du territoire ukrainien occupé et sur le territoire russe, du moins pour frapper des bases militaires et des infrastructures stratégiques.

La crainte d’une escalade freine toujours les pays de l’OTAN. Mais quel est le risque réel, sachant que toutes les menaces russes de riposte contre les alliés sont restées lettre morte? Continuer de tergiverser pourrait en fin de compte s’avérer bien plus risqué, car la Russie continue de gagner du terrain sur le front de la guerre. La prise de Pokrovsk, un nœud stratégique ukrainien, se rapproche de jour en jour. Il n’est pas sûr que l’Ukraine pourrait, le cas échéant, refermer cette brèche.

Les autres revendications du président Zelensky sont plus délicates, même si on peut parfaitement comprendre que l’Ukraine veuille assurer ses arrières. Une invitation formelle à rejoindre à terme l’OTAN fait partie des pions pour renforcer la position ukrainienne. Tout comme la demande de doter le pays d’un bouclier dissuasif non nucléaire. Le Kremlin se sent provoqué et exclut pour l’instant toute participation à une prochaine conférence de paix. Les alliés de Kiev doivent enfin user de tout leur poids – militaire et diplomatique – pour faire pencher la balance du bon côté.