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L’Italie a pris le melon

En 1996, un reportage de France 3 présentait une militante italienne d’extrême droite répondant au nom de Giorgia Meloni. À 19 ans, la jeune femme, adoratrice de Mussolini, apparaît aux côtés de sa mère, elle aussi engagée très à droite. Cette dernière expliquait n’avoir jamais poussé sa fille vers les mêmes préférences politiques, anticipant le possible clash générationnel. Vous savez, les jeunes, à cet âge…

Aujourd’hui, à 45 ans, la présidente du parti Fratelli d’Italia (FDI), à n’en pas douter, a rendu fière la «mamma», après son triomphe aux élections de dimanche. Mais le parcours de Giorgia Meloni est symptomatique d’un pays qui n’a jamais réglé ses comptes avec le fascisme, au point, aujourd’hui, d’adoucir son appellation en «postfascisme» ou «néofascisme». Le simple fait que la coalition en écrasante majorité au Sénat, qui comprend notamment FDI, la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia, se définisse comme «centre droit» a déjà de quoi donner un début d’AVC à la démocratie.

Les 26 % que FDI seul a obtenus des électeurs est la dernière preuve que l’Italie est un pays éminemment complexe, dont on ne sait toujours pas expliquer comment il a pu devenir l’une des dix puissances mondiales sans jamais avoir un gouvernement stable. Son système de démocratie parlementaire est du sur-mesure pour les héritiers du fascisme, qui ont longtemps opéré dans l’ombre, mais qui, aujourd’hui, ne sont même presque plus à chercher du côté de la place San Babila à Milan ou du quartier des Parioli à Rome. Des endroits qui étaient pourtant encore deux bastions historiques il n’y a pas si longtemps, lorsque Giorgia Meloni vivait pleinement ses tendres années de propagation de la haine…

À la fin octobre 1922, le Parti national fasciste marchait sur Rome et allait transformer l’Italie à jamais. Cent ans plus tard, la terrifiante nostalgie de ces «grandes heures» s’est plus que jamais vérifiée dans les urnes, n’en déplaise à ceux qui couvrent de honte les abstentionnistes. Certes, elle s’est transformée, jusqu’à rejeter l’ombre écrasante de Mussolini. En apparence seulement… Car ces élections ont la saveur infecte d’un centenaire célébré en grande pompe et, donc, d’une renaissance imminente. De quoi donner à la nouvelle femme forte du pays un sacré melon…

2 plusieurs commentaires

  1. La gauche a mené un campagne électorale de délegitimation de l’adversaire en évoquant le retour du fascisme comme à chaque tour d’élections. Heureusement le fascisme existe seulement dans la fantaisie d’une certaine gauche relayé par des éditeurs qui continuent de délegitimer tout ce qui n’est pas de gauche.
    Le même refrain qu’à l’époque des gouvernements de centre droite avec la publication d’article de presse italienne fidèlement traduit. Prétendre que les italiens ont élu des fascistes c’est de l’hypocrisie populiste de gauche. Pour ce qui me concerne je continue de voter pour le peu qui reste du LSAP.

  2. Un titre irrespectueux. C’est aussi pour cela que l’Italie a voté à droite car jusqu’à présent la gauche a donné une image guignolesque de ce pays fondateur de l’Europe. Enfin une femme aux commandes, bravo!