La tranche indiciaire désormais prévue pour juin va-t-elle finir par être versée ? Poser la question est un brin osé. Or il faut souligner une nouvelle fois l’urgence qui existe pour la Chambre de députés d’adopter la loi tripartite. Comme le dit son nom, l’indexation des salaires et pensions au coût de la vie est automatique. Pour procéder à une modulation du mécanisme, un amendement du texte portant sur l’indexation est nécessaire. Sans vote avant fin juin, les entreprises seront in fine obligées de verser une seconde hausse des salaires de 2,5 % après celle intervenue en avril.
Le cas échéant, il s’agirait d’un aveu de faiblesse du camp politique, qui en cette période de crises multiples, ne patine pas pour la première fois. On peut brièvement citer l’affaire Dieschbourg où la Chambre semble plus perdue que jamais. La loi tripartite intéresse davantage citoyens et entreprises, frappés de plein fouet par la flambée des prix. Il s’avère de plus en plus que l’accord conclu dans la douleur entre gouvernement, patronat (UEL), LCGB et CGFP ne tient pas la route. L’empressement du Premier ministre, Xavier Bettel, d’évacuer la question de l’indexation fut une erreur.
Si on peut encore soutenir le report de la seconde tranche indiciaire de 2022, il a été imprudent de prendre des engagements pour les années 2023 et 2024. Le fait que le Statec ne prévoyait fin mars aucune tranche pour l’année prochaine a bercé de faux espoirs. La révision à la hausse des taux d’inflation a fait voler en éclats ces pronostics. Et la messe n’est pas encore dite. La Commission européenne mise sur une inflation encore plus importante que le Statec pour cette année 2022 (6,8 % contre 5,8 %). Et personne n’a encore calculé l’impact d’un embargo sur le pétrole ou gaz russe, toujours en gestation.
En commission parlementaire, les interrogations ne diminuent pas. Chambres professionnelles et ministères sont une nouvelle fois convoqués. Le cumul de tranches reportées à 2024 constitue un casse-tête. La seule certitude à ce jour est que l’intention du gouvernement d’éviter une discussion sur l’index lors de l’année électorale 2023 s’est soldée par un échec cuisant. Il risque d’en aller de même avec l’espoir de dégager une large majorité à la Chambre.