Il faut vraiment l’aimer, le ballon rond, pour ne pas être terrifié par les tarifs pratiqués sur le marché des transferts cet été.
La nuit dernière, à minuit, le mercato d’été, qui permet de redistribuer les cartes entre clubs, ou en tout cas les millions, s’est achevé. Sur le délirant montant versé par Manchester United à Monaco pour l’attaquant français Anthony Martial : 80 millions d’euros selon les estimations hautes. La veille, le Belge Kevin de Bruyne avait également pris le chemin des rives du fleuve Mersey, mais à Manchester City, pour la somme toute aussi folle de 76 millions d’euros. Manchester City qui avait déjà déboursé 69 millions d’euros pour l’Anglais Raheem Sterling.
À côté, l’Argentin Angel Di Maria, qui est passé de Manchester United au Paris Saint-Germain pour, seulement, 63 millions d’euros, ne vaut pas si cher que ça. En quatre transferts, ce sont près de 300 millions d’euros qui ont été posés sur la table. Étourdissant.
Sans aucune retenue, le cirque grotesque du football continue chaque année, toujours plus indécent. Totalement déconnecté des réalités, le ballon rond n’est plus qu’un exutoire incontrôlable et inflationniste; ses acteurs, des hommes sandwiches déconnectés de la réalité. Mais les stades sont pleins, les supporters toujours plus nombreux et les audiences toujours plus belles. Tant que le pain et les jeux savent calmer la colère des peuples, le football a de beaux jours devant lui.
Ce ne sont pas les membres de l’agence Frontex, en charge de coordonner les sauvetages de migrants en Méditerranée, qui diront le contraire. Avec leur indécent budget de 114 millions d’euros pour 2015, ils disposent largement des moyens de mener à bien leur mission.
Les générations futures ne se plaignent pas non plus, ou pas encore, puisqu’elles ne savent pas qu’il manque 1,2 million d’euros pour organiser la conférence sur le climat de 2015. Ce serait indécent. Et puis après tout, ne comparons pas ce qui n’est pas comparable. 80 millions d’euros, c’est rien. On peut à peine s’offrir un Boeing 737 à ce prix là.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)