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Libres, pour toujours

Des moments festifs, mais aussi emplis de gravité. Le pays célèbre les 80 ans de sa libération. Les festivités entamées hier à Pétange (lire aussi en page 7), la première commune libérée par les forces américaines, se poursuivront aujourd’hui dans la capitale. Malgré le temps qui passe et les témoins de ces instants qui disparaissent, l’émotion est toujours aussi forte. Ces cérémonies tombent dans le calendrier quelques jours après les commémorations de la Grande Grève de 1942. Tout un symbole. D’un côté, l’acte de résistance de tout un peuple face à l’occupant nazi et le terrible cortège de représailles qui a suivi et, de l’autre, le moment de la délivrance et de la liberté retrouvée. Deux moments historiques pour le pays qui ont vu des hommes et des femmes se dresser contre la barbarie. Quel que soit le danger.

Tant de choses ont changé dans le pays en 80 ans. Le lien indéfectible qui nous lie à la nation américaine, lui, a tenu. Il suffit de se rendre dans le cimetière de Hamm pour tenter d’appréhender l’immense sacrifice de jeunes hommes venus de l’autre côté de l’Atlantique et qui sont morts pour libérer l’Europe du joug nazi. Ce type de cimetières, malheureusement, il y en a tant en Europe. Aujourd’hui, voilà notre continent à nouveau pris en otage par ses démons avec une guerre qui se déroule en Ukraine. On pensait les conflits liés à la nationalité, à la culture, à la religion, aux possessions territoriales terminés une bonne fois pour toutes. La guerre en ex-Yougoslavie nous a rappelé que des pays européens pouvaient faire parler les armes pour résoudre des différends profonds. Après ce conflit dans les Balkans, on espérait enfin s’être débarrassé de cette violence qui décime les familles et divise pour de longues décennies les peuples. Notre passé nous a encore rattrapés. Cette fois-ci, c’est un ogre qui a voulu dévorer un Petit Poucet et qui s’est cassé les dents. Nous voilà pris à nouveau entre un ardent désir de paix et une volonté farouche de défendre nos démocraties, même imparfaites. L’histoire semble se répéter, les personnages et les idéologies ont juste changé. La Libération ne date que de 80 ans et nous voilà à nouveau confrontés à un risque d’embrasement.