Vendredi, l’auteur de l’attentat raciste de Christchurch savait qu’il pouvait compter sur des alliés de poids en commettant son acte : les réseaux sociaux! Cet individu, aujourd’hui en détention, a filmé, grâce à une caméra embarquée, le massacre de 50 fidèles qui priaient dans deux mosquées de la ville. Toute la scène a été retransmise en direct sur Facebook Live. Évidemment, le géant du réseau social a rapidement effacé ce film… mais il était déjà trop tard.
Quelques heures après les faits, il était possible pour n’importe quel internaute, en se rendant sur ces fameux réseaux sociaux, de retrouver la vidéo repostée à plusieurs reprises par des utilisateurs sans vergogne. C’est en effet au jeu du chat et de la souris que se sont livrés ces individus et les modérateurs dès la tuerie terminée. Preuve de l’ampleur du phénomène : hier, Facebook dit avoir retiré 1,5 million de vidéos du massacre au cours des 24 premières heures, dont plus de 1,2 million bloquées lors de leur téléchargement. Oui, 1,5 million de vidéos. Mais Facebook n’est pas le seul réseau social à blâmer. Le jour même des faits, il était également très simple de se rendre sur Twitter et de découvrir l’intégralité de la vidéo de l’attaque sur le simple fil d’actualité «Christchurch». Quels sont ces types qui s’amusent à partager les actes de terroriste en toute impunité? Les grands groupes informatiques, si puissants et connaissant presque tous nos secrets, ne peuvent-t-il pas les retrouver?
Au-delà du comportement immoral de certains de leurs utilisateurs, ces réseaux sociaux ont encore une fois échoué à garantir un contenu non offensant sur leurs sites. Que devront dire les parents aux enfants qui ont visionné ces scènes atroces sans forcément le vouloir? Devront-ils simplement cliquer dans l’onglet «réclamation» pour que les choses changent et que leurs sites soient sécurisés? Malheureusement, d’autres actes odieux sont diffusés par le biais des réseaux sociaux. Et cela tous les jours. Il semble que seul un procès coûteux à l’américaine puisse peut-être permettre une sérieuse prise de conscience chez ces patrons de la Silicon Valley, eux aussi sans vergogne.
Laurent Duraisin