Edmond de la Fontaine, mieux connu sous son pseudonyme de Dicks, est mort le 24 juin 1891. Très connu pour son travail sur la langue luxembourgeoise, pouvait-il se douter que sa langue maternelle serait toujours aussi vivante en 2019, soit 128 ans après sa disparition? En tout cas, l’ancien dialecte est aujourd’hui devenu une langue à part entière, qui, selon tous les chiffres disponibles, se porte bien.
Hier, cela faisait exactement 35 ans que la loi sur le régime des langues a été signée. Il s’agit du premier texte ayant défini le luxembourgeois comme «langue nationale». En même temps, cette loi est venue confirmer le caractère multilingue du petit Grand-Duché, plaçant le luxembourgeois, le français et l’allemand sur un pied d’égalité en matière de langues administratives. Ce multilinguisme, jugé depuis des décennies comme l’une des principales forces du Luxembourg, se trouve pourtant de nos jours sous le feu des critiques de certains cercles. Au plus tard depuis le référendum constitutionnel de 2015, l’identité luxembourgeoise, dont fait partie la langue nationale, est défendue bec et ongles par le camp ultraconservateur.
Alors que la dernière campagne électorale est venue prouver que les questions identitaires ne préoccupent guère une majorité de la population, la «menace» qui pèserait sur le Luxembourg et sa langue resterait bien réelle. Le fait que les chiffres officiels indiquent que sept résidents sur dix maîtrisent le luxembourgeois n’adoucit pas les ardents défenseurs de l’identité nationale.
Il est vrai que le luxembourgeois pourrait être plus présent dans la vie quotidienne. Mais imposer aux travailleurs frontaliers d’apprendre la langue avant de leur ouvrir les portes du marché de l’emploi est exagéré. Par contre, soutenir ceux qui souhaitent apprendre la langue est plus que jamais nécessaire.
Tout cela ne peut que contribuer à garder l’héritage de Dicks vivant. Le gouvernement l’a compris aussi, et ainsi, une solide base est posée pour que l’on parle toujours luxembourgeois dans 128 ans, soit en 2147, et au-delà.
David Marques