Le Dr Jean Colombera a certainement suivi avec attention l’annonce faite vendredi par le Premier ministre concernant l’autorisation prochaine du cannabis thérapeutique. En grand défenseur du cannabis médical, le médecin généraliste, ancien député et nouveau bourgmestre de Vichten, milite, en effet, depuis des années pour sa légalisation.
À un point tel qu’il déclarait dans nos colonnes, en septembre 2015, qu’il était «prêt à attaquer en justice (…) au nom de la santé publique, Lydia Mutsch», la ministre de la Santé, pour «non-assistance à personne en danger.»
Depuis cette annonce fracassante, rien ou presque de la part des autorités. Si ce n’est une réduction du prix du seul médicament à base de tétrahydrocannabinol et de cannabidiol autorisé au Luxembourg, le Sativex. Le Dr Jean Colombera, qui prescrivait ce spray en 2015 à trois de ses patients souffrant de sclérose en plaques, déplorait à l’époque qu’il coûtât en moyenne la bagatelle de 517 euros pour un traitement de trois mois.
Or, bien qu’il soit enregistré et autorisé au Grand-Duché depuis un arrêté grand-ducal de 2012 sous la formulation caractéristique de «médicament stupéfiant», il n’a jamais été pris en charge par la Caisse nationale de santé (CNS). Il n’a donc jamais été remboursé aux patients, qui n’ont eu droit qu’à une baisse de son prix, passé à 440 euros le 1er avril 2016.
Dans ce contexte, comment dès lors interpréter l’annonce de Xavier Bettel, bien qu’il ait évoqué, au terme du Conseil de gouvernement de vendredi dernier, «un accord de principe», «une phase-test» ou encore «des situations exceptionnelles» concernant sa prescription effective.
Si le flou entoure encore cette annonce du gouvernement, qui vise avant tout les personnes malades atteintes d’une sclérose en plaques ou d’un cancer, il est difficile de s’imaginer que le cannabis thérapeutique ne sera pas pris en charge par la CNS. Cela n’a pourtant pas été annoncé à l’issue de la récente dernière quadripartite santé. Alors, jusqu’à quand ce flou? Car les patients risquent de devenir… impatients.
Claude Damiani