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L’Europe touche le fond

Depuis de longs mois, la crise des réfugiés n’est plus à la une de l’actualité. Pour l’instant, la triste campagne menée par Donald Trump et Hillary Clinton pour la présidence des États-Unis se trouve sur le devant de la scène. Pendant ce temps, des dizaines de personnes périssent chaque jour en Syrie ou en Irak, le tout dans une indifférence criante. Et les gens qui réussissent à fuir ces zones de guerre restent toujours en danger de mort, en pleine Méditerranée, alors qu’ils ne cherchent qu’une chose : un refuge en Europe, un des continents les plus riches au monde. Hier encore, plus de 100 migrants ont perdu la vie aux portes d’une UE qui, dès le départ, a laissé seules l’Italie et la Grèce face aux afflux massifs de réfugiés.

Près d’un an et demi après le déclenchement, du moins sur le plan politique, de la crise des réfugiés, on ne peut que constater que l’Europe a touché le fond. Malgré de nombreuses initiatives de la part de la Commission européenne mais aussi de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, lors du deuxième semestre 2015, les chefs d’État et de gouvernement, à commencer par ceux des pays de l’Est, n’affichent toujours pas leur solidarité, principe si cher à l’UE.

Hier, on a appris coup sur coup le naufrage du chalutier qui transportait ces migrants, les présumés excès de violence de policiers italiens sur des réfugiés et la énième menace de la Turquie de faire annuler le très douteux accord pour filtrer les vagues de réfugiés. Tout cela est la conséquence directe d’une politique européenne manquée. L’UE préfère renforcer sa forteresse au lieu de faire preuve d’un brin d’humanité. L’hypocrisie règne à tous les niveaux. Le nouvel outil de la «solidarité flexible» en est la parfaite illustration.

Aussi triste que cela puisse paraître, dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de la montée en puissance des populistes, même si eux aussi n’ont pas de solution et misent sur la forteresse. La timide remise en question que l’UE vient d’entamer avec le Brexit en toile de fond doit devenir bien plus importante, faute de quoi le navire UE ne va plus jamais refaire surface…

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)