L’Europe a été rattrapée par ses démons. Le printemps 2022 devait être celui du renouveau, de la renaissance. Les pays du continent devaient lever leurs restrictions sanitaires les uns après les autres pour bien préparer l’arrivée des beaux jours et tourner enfin la page du coronavirus. Ou du moins, tourner la page des couvre-feux, des pass sanitaires, des masques sur le visage… L’économie mondiale, déjà boostée par la baisse des contaminations et par le moindre danger que représentait le variant Omicron, reprenait des couleurs. Le monde allait reprendre enfin sa marche un temps stoppée. Le temps du renouveau avait sonné. Un monde d’après la pandémie allait-il se dessiner? Non, pas vraiment, nous sommes retournés dans le monde d’avant et même avant le monde d’avant…
Depuis 28 jours maintenant, le continent européen a renoué avec la guerre à grande échelle. Une guerre déclarée pour des considérations territoriales, des considérations linguistiques, des considérations de nationalité. Nous sommes retournés à ce maudit XXe siècle avec toute son imagerie barbare : menace de frappes nucléaires, intimidation des pays riverains, flots de réfugiés sur les routes, bombardements aveugles, propagandes assumées. Les chars russes ont franchi la frontière ukrainienne et le fracas des armes a transformé en à peine un mois des millions de vies. Oui, les Européens ont été replongés dans leurs terribles souvenirs et ces images ont fait l’effet d’un électrochoc. Malgré nos efforts, malgré la mise en place d’entités supposées assurer un équilibre et éviter un affrontement majeur sur notre continent, malgré l’ouverture de nos sociétés sur le monde et nos longues réflexions sur notre passé parfois peu glorieux, la guerre a quand même fait son retour chez nous.
Nous avons tous appris quelles sont les conséquences d’un conflit attisé par le nationalisme à l’école, dans les livres, à travers les témoignages des survivants qui répétaient et répétaient encore «plus jamais ça». Ces témoins sont de moins en moins nombreux pour avertir et mettre en garde… et l’histoire recommence avec les nouvelles générations. L’Europe restera toujours l’Europe, c’est à désespérer.