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L’Europe angoisse

À première vue, on pouvait penser que l’UE l’avait plutôt échappée belle aux élections européennes du 9 juin dernier. En fin de compte, la percée de l’extrême droite n’a pas été aussi importante que redoutée, même si ses partis forment désormais le troisième groupe au Parlement européen. Une majorité composée des partis pro-européens reste possible, à condition que les conservateurs de centre droit, les sociaux-démocrates et les libéraux trouvent un accord. Un premier test grandeur nature devrait avoir lieu à la mi-juillet lorsque Ursula von der Leyen va se présenter devant l’hémicycle pour être confirmée à la tête de la Commission européenne.

Si la mise semble être sauvée au Parlement, c’est loin d’être le cas au Conseil européen. Sans l’aval des chefs d’État et de gouvernement, aucune initiative majeure n’est possible. Le constat vaut également au niveau des 27 ministres compétents pour les ressorts européens, regroupés sous le toit du Conseil de l’UE. Des partis populistes de droite, voire d’extrême droite, sont déjà au pouvoir en Italie, Slovaquie, depuis quelques jours aux Pays-Bas et en Hongrie. Le pays de Viktor Orbán occupe depuis lundi la présidence du Conseil. Rien que le choix du slogan «Rendre sa grandeur à l’Europe» («Make Europe great again»), clairement inspiré de la campagne de Donald Trump, n’augure rien de bon.

Le risque de paralysie de l’UE deviendra encore plus imminent si la France bascule vraiment, dimanche soir, vers un gouvernement d’extrême droite, mené par le Rassemblement national (RN). Le cas échéant, une alliance des exécutifs français, italiens, slovaques, néerlandais et hongrois permettrait de former une minorité de blocage. Ces cinq pays représenteraient, en effet, le seuil nécessaire de 35 % de la population de l’UE. L’autre scénario est une France qui deviendrait ingouvernable en l’absence d’une majorité constituée entre les formations décidées à faire barrage au RN.

Dans les deux cas, le président Macron perdrait son influence dans l’UE. Sachant que le chancelier Olaf Scholz est aussi affaibli, le moteur franco-allemand, indispensable pour faire avancer l’Europe, risque de tomber en panne, alors que le monde fait face à une tempête géopolitique. Angoissant.

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