Quand je suis au Luxembourg, je ne peux pas regarder France 2 via internet. «Pour des raisons de droits concédés à France Télévisions, cette vidéo n’est pas disponible depuis votre position géographique», m’explique-t-on. Je suis à Esch-sur-Alzette, à 3 kilomètres de la France ! Quand je suis à Metz, je ne peux pas regarder la télé allemande (ZDF, etc.) puisque l’on m’invoque le même type de message. Je peux regarder quelques retransmissions ciblées de RTL Luxembourg, comme le journal télévisé. C’est déjà ça de gagné, mais rien de très libre sur l’offre aux quatre frontières, à savoir : Luxembourg, France, Allemagne et Belgique… Pourtant, nos vies sont bien dans ce périmètre-là !
Soixante-six ans après la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), nous avançons doucement… Chaque bout de l’Europe, tel un territoire médiéval, appose les droits et les taxes sur chaque parcelle qui lui revient. Tout cela devrait être unifié depuis longtemps. Évidemment, il existe quelques combines pour se géolocaliser ailleurs, le temps d’un programme, mais ce n’est pas satisfaisant.
En septembre, le président Emmanuel Macron viendra débattre d’Europe au Luxembourg. Allons-nous parler des vrais sujets, qui concernent les Européens qui vivent aux frontières (et sans frontière) ? Ou allons-nous répéter les mêmes mantras, en pensant qu’ils feront de nous des Européens un jour ? Si je pouvais interroger M. Macron, je lui demanderais pourquoi les Lorrains n’apprennent pas l’allemand ou le luxembourgeois dès le plus jeune âge (même si cela change à Metz, en partie pour la langue allemande dès la maternelle). Je lui demanderais pourquoi on ne peut pas circuler d’un pays à l’autre si facilement le matin.
Pourquoi on ne cherche pas à rééquilibrer aussi, en tant qu’Européens, les relations économiques d’un territoire à l’autre dans un élan collectif. Et pourquoi, enfin, je ne peux pas regarder la télé allemande, luxembourgeoise ou française aussi simplement que l’on se rencontre à la frontière !
Hubert Gamelon