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Leur mémoire, notre combat

Le cimetière militaire de Hamm donne des frissons. Entouré d’une forêt, on y est confronté à 5 072 croix blanches. Un drapeau américain et un autre luxembourgeois complètent le décor de ces tombes honorant le mérite, le dévouement et le courage des milliers de jeunes soldats, tombés pour libérer l’Europe du joug nazi. Il ne faut jamais oublier leur sacrifice, ayant forgé la base d’un retour à la paix, qui 75 ans après la libération du Vieux Continent, reste très fragile et même menacé aux frontières européennes.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine n’est qu’un des tristes exemples. La Syrie est aussi bien moins éloignée que l’on pourrait le penser. Et pourtant, une frange de la société occidentale retombe dans les vieux réflexes qui ont déjà mené à deux reprises le monde entier au bord du gouffre. On ne peut cesser de condamner le rejet de l’autre, les tendances extrémistes, xénophobes et antisémites, qui ressurgissent aux quatre coins de l’Europe.

Le Luxembourg ne fait pas exception, même si l’impact de ces courants reste L encore limité. Mais le danger est réel. Dernier exemple en date : la publication au caractère clairement xénophobe de la vice-présidente démissionnaire de l’ADR, Sylvie Mischel. Elle avait fustigé le week-end dernier la politique migratoire du Grand-Duché. Son message : le gouvernement préfère venir en aide à des migrants au lieu de prendre mieux soin de ses propres citoyens, connaissant aussi la misère. Le retrait temporaire de Sylvie Mischel ne change rien au fait que l’ADR n’a pas condamné des propos intolérables. Le parti ne veut pas être vu comme extrémiste, mais dans les faits, les frontières deviennent de plus en plus floues.

Il est urgent de tout remettre dans un contexte plus global et moins polémique. Il suffit de parler à un vétéran de la bataille des Ardennes pour se rendre compte des souffrances d’un monde marqué par des fractures entre les peuples. C’est grâce aux vétérans que nous vivons aujourd’hui dans une société encore en paix. Continuer à diviser, c’est salir leur mémoire.

David Marques