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Les yeux rivés sur Londres

Les discussions durent depuis des semaines, mais le dénouement approche. Demain, les membres de la Chambre des communes doivent se prononcer sur l’accord négocié entre Theresa May et l’Union européenne pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Hier, la Première ministre britannique, qui bataille ferme depuis plusieurs semaines pour défendre le bien-fondé du texte, a prévenu les députés qu’ils ne devaient pas décevoir les électeurs ayant voté en faveur du Brexit lors du référendum de juin 2016. «Le faire serait une rupture de confiance catastrophique et impardonnable dans notre démocratie, a-t-elle estimé dans le tabloïd eurosceptique Sunday Express. Mon message au Parlement ce week-end est donc simple : il est temps d’arrêter de jouer et de faire ce qui est juste pour notre pays.»
Mais cela fait plusieurs semaines déjà que la Première ministre britannique ne semble plus être entendue par les parlementaires. Initialement prévu en décembre, le vote sur l’accord avait été reporté à la dernière minute par Theresa May pour éviter une défaite annoncée. S’il est effectivement recalé, le Royaume-Uni risque de quitter l’UE sans accord le 29 mars, un scénario redouté par les milieux économiques, ou au contraire de ne pas quitter du tout le bloc européen.
Face à l’hostilité des députés, Theresa May a cherché auprès de ses partenaires européens des «assurances» susceptibles de les convaincre, notamment sur le caractère temporaire du «backstop» irlandais. Cette solution de dernier recours, décriée par les Brexiters, doit éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord si aucune solution alternative n’était trouvée à l’issue d’une période de transition. Ces assurances seront obtenues «peu avant le vote», a assuré une porte-parole du gouvernement, laissant entendre qu’elles seraient présentées aujourd’hui, alors que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a aussi estimé que «tous les efforts» devaient être faits pour éviter la «catastrophe» d’une sortie sans accord. Bref, en ce début de semaine, tout le monde aura les yeux rivés sur Londres.

Guillaume Chassaing