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Les voix de la révolution

Il faut étouffer la contestation par tous les moyens, éteindre cette colère qui embrase le pays tout entier. Une centaine d’Iraniens, arrêtés depuis le début des protestations attisées par le décès de Mahsa Amini qui a mis le feu aux poudres mi-septembre, font face à des accusations passibles d’une condamnation à mort. Treize ont déjà écopé de la peine capitale et au moins deux ont été exécutés. Sans oublier tous ceux – près de 500 – tués dans le cadre des manifestations. Derrière ces chiffres qui font froid dans le dos, difficilement recensés par les ONG de défense des droits humains et probablement bien plus lourds, il y a donc autant de vies emportées brutalement. Des femmes et des hommes jugés coupables d’avoir revendiqué l’aspiration légitime à une existence libre et sans entrave. C’est déjà bien trop pour le régime islamique, jurant de n’avoir «aucune pitié» à l’égard de ses «ennemis». On peut effectivement croire les mollahs sur parole, leurs méthodes parlent pour eux.

Et certains n’acceptent plus ce langage de la peur. En France, un étudiant iranien s’est suicidé en se jetant dans le Rhône. Expliquant ce geste plus sacrificiel que désespéré dans une vidéo, afin d’alerter l’opinion sur la situation et appeler son peuple à poursuivre la lutte. Une manière pour lui de faire entendre la voix de la révolution, aussi terrible soit-elle.

Cette voix porte dans nos démocraties. Au Grand-Duché, la diaspora s’est mobilisée dès les premiers jours de la révolte. Et la classe politique se saisit également du flambeau. À ce jour, rapporte le Comité luxembourgeois pour la défense des droits de l’homme en Iran, 20 députés se sont engagés à parrainer 24 prisonniers politiques. Il s’agit notamment d’écrivains et de journalistes – des voix, toujours, à faire taire – condamnés à mort ou sur le point de l’être. Le sort d’un résident d’origine iranienne, lui aussi visé par la peine capitale, suscite par ailleurs l’inquiétude au sommet de l’État. Des contacts diplomatiques ont été pris la semaine dernière par le ministre Jean Asselborn. Son homologue, Hossein Amir Abdollahian, est muet depuis cet entretien téléphonique. Y a-t-il vraiment quelqu’un au bout du fil, du reste?

Alexandra Parachini