La prochaine fois que vous aurez un petit rhume ou que vos entrailles se feront la malle, suivez le conseil de tonton Vladimir : fuyez les hôpitaux.
Car il y sévit des terroristes en blouse blanche, avec scalpel et stéthoscope. Si vous n’avez jamais entendu parler de cette vermine, Vladimir Poutine, lui, n’est pas dupe. Depuis cinq mois, son opération de lutte «contre le terrorisme international» passe en priorité par le bombardement de ces immondes fanatiques qui sauvent des vies, et que l’on appelle des médecins. En octobre dernier, par exemple, cinq hôpitaux ont été «nettoyés» à la sauce TNT… Parce que dans le tas de cadavres civils et humanitaires, il y a peut-être ces rebelles qui défient le régime syrien, et donc son allié, tonton Vladimir.
Lundi, des bombes ont une fois encore détruit un hôpital dans le nord de la Syrie, faisant au moins une dizaine de morts. Une attaque délibérée, qui privera près de 40 000 personnes d’accès au soin. La routine en somme, puisque depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011, on dénombre plus de 300 attaques contre des installations médicales.
Ne soyons pas injustes, la Russie n’est pas la seule à exceller dans la realpolitik la plus cynique.
Depuis qu’il a libéré les premiers jihadistes pour s’en servir d’épouvantail, Bachar-al-Assad est prêt à tout pour sauver sa dictature syrienne. En refusant toute intervention humanitaire sur son territoire, il continue de condamner son peuple à une lente agonie.
Mais le plus drôle avec cette realpolitik, c’est que tout le monde s’y met : les États-Unis qui veulent avant tout réchauffer leurs relations avec l’Iran, l’Iran qui ne veut pas lâcher la Syrie, comme la Russie, Russie qui est sur le chemin de la guerre avec la Turquie, Turquie qui est pressée par l’Europe d’accueillir plus de réfugiés, Europe qui s’effraie de voir grossir sa population de 0,2 % à cause des réfugiés, mais s’oppose mollement à Bachar-al-Assad, à la différence de l’Arabie saoudite qui… Vous suivez?
Normal, c’est ça qui est drôle avec cette realpolitik : c’est tellement compliqué qu’on en oublie l’objet principal, à savoir les méchants médecins syriens de Daech qui violent nos filles à Cologne.
Romain Van Dyck