La question taraudait le monde entier depuis l’été dernier, au moment où les fondamentalistes islamistes ont repris le pouvoir en Afghanistan. Les talibans ont-ils changé ? La réponse est désormais claire, nette et précise : bien évidemment que non.
Durant ces neuf derniers mois, ils ont seulement pris soin d’entretenir le doute sur leurs intentions drapées dans le flou. Le soutien financier de la communauté internationale en dépendait, alors que le pays subit des épisodes de sécheresse dévastateurs à répétition et que près de 24 millions de personnes – plus de la moitié de la population – souffre de malnutrition, voire de famine. L’économie s’est effondrée, le chômage a explosé. Et les avoirs ont été gelés.
Il leur fallait donc faire «bonne» figure et avancer masqués, pour mieux bercer d’illusions nos démocraties occidentales. Rompus à la pratique de la taqîya, l’art de la dissimulation, ils se sont dévoilés peu à peu. Les femmes, elles, ont dû aussitôt remettre ce voile sur des cheveux lâchés au vent de deux décennies de liberté. Aujourd’hui, le seul hijab ne suffit plus. La burqa est la règle, a décidé le ministre «des Vices et de la Vertu»… Celles qui osent encore protester le font à leurs risques et surtout leurs périls. Menaces d’amendes et licenciements pour les familles sans le sou, détention des rebelles pour la peine.
Et des droits humains réduits à peau de chagrin, chaque jour un peu plus. Ne restent, à force, que les yeux pour pleurer derrière le grillage. On se souvient, il y a quelques semaines, des larmes de ces adolescentes renvoyées de leurs écoles fermées. À quoi bon perdre du temps à étudier, de toute façon, puisque les fillettes de dix ans sont bonnes à marier, selon la tradition ancestrale. Vendues à des types de trois ou quatre fois leur âge, seuls maîtres des faits et gestes de ces dociles épouses tenues en laisse. Un déplacement se fait sous escorte, une activité professionnelle requiert une autorisation… À condition de ne pas contrevenir aux lois régies par les vices et la vertu. Ne manque à présent qu’une pierre à ajouter à l’édifice de la charia : le retour officiel du châtiment par lapidation. Cela ne saurait tarder.
Alexandra Parachini