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Les skieurs refroidis

Des températures tournant autour de 10 °C, de faux airs de mois de mars, voire de mois d’avril quand le ciel daigne se dégager… nous vivons un drôle d’hiver. Tant mieux pour les économies de chauffage… mais cela reste très inquiétant. Nous avons même battu un record de chaleur pour un mois de décembre, le 31. Juste avant le réveillon. Les Noëls blancs qu’ont connus nos anciens vont se transformer en légende ou en joli conte si cela continue comme ça. Plus personne ne pourra croire qu’il a pu neiger autant chez nous durant la période hivernale.

La mauvaise saison est encore longue et nul ne sait ce qui nous attend. Mais ce blanc manteau sur les paysages nous manque. Et pas seulement au Grand-Duché. Dans les Alpes, la saison de ski est bien compliquée. De nombreuses stations, à peine ouverte, ont dû refermer leurs pistes à cause du redoux. La période glaciale de début décembre et ses précipitations n’étaient qu’un faux départ. Et maintenant tout le monde regarde le ciel en se demandant quand est-ce que les flocons vont revenir. Pas pour tout de suite en tout cas. Pour les stations installées plus haut en altitude, les problèmes sont restés en bas des cols. Mais elles aussi savent qu’elles seront les prochaines victimes de ce réchauffement climatique qui transforme la neige en denrée rare même au cœur des montagnes européennes. Dans les stations de moyenne montagne, loin des Alpes, c’est déjà l’heure de la réflexion du reclassement pour maintenir une activité touristique en hiver.

Pour répondre à la demande des touristes, déçus de ne pouvoir pratiquer que la marche ou le VTT, certaines stations ont évidemment sorti les canons. De la «neige de culture», comme on dit pudiquement. Une neige qui fond au fil des passages des skieurs. Un cache-misère en attendant des jours meilleurs? Pas vraiment. L’avenir n’est pas rose : la durée d’enneigement a diminué de 22 à 34 jours au cours des cinquante dernières années, en particulier à basse et moyenne altitude, selon une étude du CNRS français. Le manteau neigeux a tendance à se constituer plus tard en hiver et, à toutes altitudes, à disparaître plus tôt au printemps. Cette conséquence directe du réchauffement climatique va faire des dégâts et c’est tout un pan de l’économie européenne qui va en souffrir.