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Les shérifs sont en Ville

Il y a d’abord la loi communale. Comme le précise la Ville de Luxembourg sur son site internet «le bourgmestre prend les mesures d’exécution en matière de police». Il y est ajouté qu’«en cas d’émeutes, d’atteintes ou de menaces graves à la paix publique (…), le bourgmestre peut requérir directement l’intervention de la force publique». Ensuite, il y a la loi sur la police qui précise que les forces de l’ordre se trouvent «sous l’autorité du ministre ayant la Police dans ses attributions». En clair : le bourgmestre est limité dans l’exécution de ses fonctions. Mais est-ce que cela est suffisant pour s’autoproclamer shérif, comme le fait depuis plusieurs mois le collège échevinal de la capitale?

Hier matin, la députée-maire Lydie Polfer (DP) est venue asséner un nouveau coup contre le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox (déi gréng), en déclarant qu’«il n’y a plus un jour sans acte violent» à Luxembourg. Les récents cas où des personnes se sont vues arracher des chaînes et d’autres bijoux suffisent à la bourgmestre pour estimer que sa propre ville est devenue une zone de non-droit. La faute serait clairement à incomber au gouvernement, qui aurait omis ces dernières années de déployer suffisamment d’agents sur le terrain.

Il est incontestable que tout citoyen qui se fait agresser ou qui devient victime d’un vol développe un sentiment d’insécurité plus accru. Il est toutefois indispensable de remettre les choses dans leur contexte. Une agression isolée, ou même plusieurs vols à l’arrachée, ne permettent pas de conclure que l’insécurité règne à tous les coins de rue. Pour preuve, les statistiques de la police ne renseignent pas de hausse généralisée de la délinquance. Une récente étude sur le sentiment de sécurité des habitants de la capitale, commanditée par l’Inspection générale de la police, indique que moins de 5 % des 2 000 résidents interrogés ont été victimes d’une agression ou d’un vol lors des 12 derniers mois.

Se présenter comme nouveaux shérifs en ville, seuls à être capables de protéger la population, est donc très dangereux. Le crédit électoral que les édiles de capitale comptent en tirer ne justifie pas ce discours empreint de populisme.

David Marques