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Les raisons de la colère

Poutine a ses raisons… que la raison occidentale ignore. Depuis le début de l’invasion en Ukraine, Européens et Américains n’ont de cesse de se demander quelle mouche l’a piquée au point de la recracher avec tant de véhémence. Pourquoi l’Ukraine, pourquoi maintenant? La «dénazification» et la «purification», ça c’est pour la propagande à faire avaler à ses jeunes soldats, chair fraîche à canon, son peuple pris à la gorge, ses obligés au garde à vous et sa meute médiatique tenue en laisse. L’épouvantail fasciste reste une marionnette facile à agiter quand on en tire bien les ficelles, une excuse ressortie à chaque fois que la Russie a voulu justifier une agression à l’étranger. Vieux comme l’ex-Union soviétique. Même s’il y croit sans doute réellement.

L’OTAN peut-être? Sûr que les «aboiements» de l’Alliance à ses frontières n’ont pas manqué de réveiller la bête du Kremlin et ses bas instincts. Mais cela ne date pas d’hier non plus, les crocs occidentaux mordent les mollets russes depuis un bon moment. La reconquête de l’empire déchu alors? Possible, puisque Poutine ne s’est jamais remis de la fin de l’URSS. Il a commencé par bidouiller la Constitution pour devenir le dernier tsar indétrônable. Il a poursuivi sa mission quasi divine en annexant les territoires perdus çà et là. Mais ça, c’est pour le fantasme. Car depuis le temps que les séparatistes pro-russes sont à la manœuvre dans le Donbass, l’Ossétie du Sud en Géorgie, ou la Transnistrie en Moldavie, il y a longtemps que le commandant en chef aurait pu plier ses opérations militaires spéciales sans y laisser autant d’armes et d’hommes. Après bientôt quatre mois d’acharnement en Ukraine, les véritables prises se limitent à Kherson et Marioupol. Dans son butin de guerre, ni Odessa ni Kharkiv. Encore moins Kiev.

Finalement, les raisons de la colère de l’espion contrarié pourraient trouver une autre explication. Lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg, ce week-end, il semble avoir exposé ses plans secrets. En affirmant que les sanctions occidentales sont «la cause de l’inflation mondiale» et entraîneront «le chaos et les populismes», il clame clairement son intention de déstabiliser nos démocraties.

Alexandra Parachini