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Les plus faibles snobés

Expéditif. La dernière déclaration sur l’état de la Nation de la législature aura duré à peine 45 minutes. Les critiques n’ont pas tardé à fuser. L’absence de chapitres consacrés à la croissance et au logement – deux problématiques majeures – a ainsi prêté à confusion.

En fin de compte, le Premier ministre s’est tenu à la lettre à l’intitulé officiel de ce grand oral annuel : «Déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays». Nulle part, il n’est inscrit une obligation de livrer des perspectives d’avenir. Une dose plus importante de visions aurait cependant été souhaitable. Mais Xavier Bettel s’est contenté de rendre froidement compte de l’assainissement des finances publiques. Ce constat reste très contesté par les partis de l’opposition, CSV et ADR en tête. Leurs leaders respectifs ne vont pas manquer de le faire savoir au gouvernement. Mais vont-ils aussi présenter des alternatives et des pistes pour dépenser moins ? «Le statu quo n’est pas une option», martèle à juste titre le Premier ministre sortant. Et une réduction des investissements serait néfaste dans un pays qui ne cesse de courir derrière l’important retard accumulé pendant des décennies. L’économie, qui a, elle aussi, repris des couleurs depuis fin 2013, risque d’en pâtir.

Le véritable parent pauvre de cette déclaration aura été le volet social. Xavier Bettel n’a-t-il pas entendu les mises en garde lancées par la Chambre des salariés et la Caritas, qui voient la cohésion sociale menacée ? Le Premier ministre répond sans sourciller que son gouvernement a réussi à réduire l’écart entre riches et pauvres. Lui qui aime citer des chiffres objectifs devrait cependant reconnaître que les inégalités ne cessent de croître, tout comme le risque de pauvreté.

Disposer d’un triple A pour ses finances est bien. Le triple A social, pourtant visé par le gouvernement sortant, reste lui encore un leurre. S’il faut bien une vision d’avenir, c’est celle d’offrir une perspective au quart des enfants qui, dans ce riche Grand-Duché, grandissent sans pouvoir se payer des bonbons ou une excursion. Il est temps d’agir !

David Marques