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Les pirouettes du CSV

Plaire par tous les moyens aux électeurs potentiels. Il semble que le CSV ait fait sien ce principe. Alors que le débat public enfle sur la non-tenue d’un référendum sur la révision de la Constitution, le camp chrétien-social a décidé de retourner (encore) sa veste. Le parti d’opposition juge désormais opportun de laisser quand même le dernier mot à l’électeur. Pour la deuxième fois de suite, le CSV est prêt à faire voler en éclats un compromis pour enfin moderniser une Constitution, dont de larges passages, datent toujours de… 1867.

Petit retour en arrière : un référendum a été écarté par les quatre grands partis (DP, LSAP, déi gréng, CSV) après s’être arrangé sur une révision ciblée et non pas une réforme globale de la Constitution. Cette décision avait déjà été forcée par une volte-face du CSV, qui en juillet 2018 est venue bloquer les travaux menés depuis plus d’une décennie. A suivi une tentative pour raboter l’indépendance de la justice, à la suite d’un différend dans l’affaire du «casier bis». Finalement, le référendum a été abandonné. 

La crédibilité et l’image du CSV sont solidement égratignées ces jours-ci. Virer à tout vent pour de pures raisons électorales ne risque pas de redorer le blason chrétien-social. Les pirouettes sont nombreuses et souvent liées à des polémiques lancées par l’ADR. Sont à citer la défense soudaine de la langue luxembourgeoise ou les prises de position tendancieuses sur la sécurité publique. La tendance à valider les seules lois Covid levant des restrictions est un autre exemple.

Il est vrai, que la condition posée par le CSV pour accepter la tenue d’un référendum est la récolte de 25 000 signatures par la pétition réclamant une telle consultation publique. Endéans 20 jours, 18 000 signataires restent à trouver. Cette pétition publique est toutefois ouverte à des non-électeurs, un fait que le socialiste Mars Di Bartolomeo a reproché à juste titre au camp chrétien-social. Et qu’en adviendra-t-il si ce seuil n’est pas atteint? Des députés chrétiens-sociaux vont-ils rejoindre l’initiative de l’ADR pour forcer un référendum par un quota minimal de 16 élus? Fébrile d’un point de vue légal, le CSV joue clairement la carte de l’opportunisme. Un opportunisme qui frôle le populisme.

David Marques