Dimanche, les électeurs français de la droite et du centre, mais aussi ceux qui veulent bien se prêter au jeu de la primaire, choisiront qui représentera l’alternance lors de l’élection présidentielle de 2017. François Fillon, Alain Juppé, François Juppé, Alain Fillon? Les urnes ont leurs raisons que la raison ignore.
Le débat tant attendu de jeudi soir, ce concours d’idées neuves qui a peut-être désigné le futur président français (c’est en tout cas ce qu’ils espèrent, forcément), a relégué les problématiques internationales, la diplomatie et les peccadilles de voisinage au second plan, voire dans l’ombre.
Car en France, comme en Angleterre, aux États-Unis et peut-être demain en Allemagne, les campagnes nationales se gagnent en évitant de s’engager sur la politique étrangère. La situation d’Alep, celle des réfugiés ou encore les traités commerciaux sont bien peu de choses quand il s’agit de gravir les marches du pouvoir.
Soyons sérieux deux minutes, ces élus de la nation ne sont pas là pour sauver le monde, ou même s’y intéresser, ils sont là pour rassurer leurs concitoyens. Et peu importe si le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas ou en Europe.
La priorité, celle qui a mené au Brexit, à la victoire de Donald Trump aux États-Unis et à d’autres joyeusetés, est de s’enfermer dans son pré carré, de défendre bec et ongles des modèles de sociétés qui ne cherchent plus à progresser, mais bien à exister. Pour ce faire, on oublie le monde et sa stabilité, un défi qu’il n’appartient plus au concert des nations de relever. L’heure est plutôt au chacun pour soi, à la méfiance et à la sacralisation des frontières.
Une certaine vision de la France a été défendue par «Françain Juppon», jeudi soir. Elle pourrait prédominer pendant cinq ans. À chacun son nombril du monde, semblent lancer les candidats, pourvu qu’on n’ait pas à regarder celui des autres.
Comme si le Brexit, le trumpisme et le populisme ne suffisaient pas.
Christophe Chohin