La fin de la guerre froide est désormais bien loin. Vous vous souvenez de cette période? Cet espoir de voir une Europe en paix, comptant un peu moins de soldats sur son sol se faisant face, sans dirigeants se menaçant mutuellement de frappes, défensives bien sûr, à l’aide de missiles. Un peu moins de trente ans après la chute du mur de Berlin, voilà que l’histoire bégaye à nouveau. Il est temps de dépoussiérer votre bunker antinucléaire au fond de votre jardin si vous en aviez acheté un (ou vos parents) dans les années 70.
Mercredi, le président russe, Vladimir Poutine, lors de son allocution annuelle devant le Parlement, a menacé de déployer les nouvelles armes de la Russie contre les pays occidentaux. Il s’agit pour Moscou d’une réponse concernant le comportement des États-Unis, à qui il est reproché le déploiement de nouveaux systèmes d’armement en Europe.
«Je vais le dire clairement et ouvertement: la Russie sera contrainte de déployer des armements qui pourront être utilisés non seulement contre les territoires d’où peut provenir une menace directe, mais aussi contre les territoires où se trouvent les centres de décision d’usage de missiles nous menaçant», a-t-il dit. En arrière-fond de cette déclaration, il y a aussi le traité INF datant de cette fameuse guerre froide et qui interdisait les missiles sol-sol d’une portée de 500 à 5500km. Il est en péril : là encore, États-Unis et Russie s’accusent mutuellement de ne pas le respecter. Les missiles vont-ils fleurir en Europe comme au «bon vieux temps»?
Pour les plus âgés d’entre nous, cette rhétorique n’est malheureusement pas nouvelle. Il est triste de voir que les jeunes générations, qui auraient pu espérer une Europe véritablement en paix en son cœur et avec ses voisins, vont devoir eux aussi vivre au milieu de ces déclarations guerrières encore durant des années. Le tout en se demandant qui appuiera sur le bouton le premier «pour se défendre». Il est temps à nouveau de se mobiliser et de refuser que les plaines d’Europe ne deviennent de nouveaux champs de bataille.
Laurent Duraisin