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Les lignes bougent

Les propos de la ministre des Finances, Yuriko Backes, publiés mardi dans nos colonnes, auront fait leur effet. «Par principe, je ne me suis jamais positionnée contre une adaptation complète du barème», a-t-elle affirmé, tout en précisant être «ouverte à parler de tout». La trésorière en chef de l’État n’a cependant pas manqué de répéter qu’en cette période de crise, «où l’on n’a pas de visibilité sur l’évolution à moyen terme, il ne serait pas responsable de décider une telle dépense structurelle». La phrase décisive est néanmoins la suivante : «Une croissance plus appuyée que prévu changerait la donne». Une embellie économique semble, en effet, s’amorcer.

L’ancien ministre socialiste Dan Kersch, qui s’est mué en plus grand fervent d’une adaptation du barème d’imposition à l’inflation, n’a pas tardé à jubiler sur les ondes de RTL. Pour lui, le DP de la ministre des Finances a fini par plier sous la pression du LSAP. Les réserves émises par Yuriko Backes n’empêcheraient plus une discussion sur cette correction fiscale. L’autre partenaire de coalition, déi gréng, est également favorable à réajuster le barème. Il en est de même du CSV, le principal parti d’opposition. Tous partagent la revendication du camp syndical, qui juge «incontournable» l’adaptation du barème pour mettre fin à une «injustice fiscale» subie depuis des années par les salariés.

Rien n’est cependant encore gagné. OGBL, LCGB et CGFP ont réussi, mardi lors des bipartites, à mettre un coup de pression sur le gouvernement. Le Premier ministre libéral, Xavier Bettel, a même donné l’impression d’être un brin surpris par la persévérance des syndicats. Il se voit désormais contraint de décider rapidement si la politique fiscale s’invitera à la tripartite. L’enjeu est multiple. Une fin de non-recevoir risque de compromettre d’entrée un accord final. De l’autre côté, le barème d’imposition n’est pas une question prioritaire pour le patronat. Les intérêts avant la tripartite divergent, donc, fortement. Même si les lignes commencent à bouger, il faudra faire preuve de créativité pour dégager un compromis, d’autant plus que la marge financière du gouvernement reste, en fin de compte, toujours limitée.