Les tabloïds britanniques ont sauté sur ce cliché pris à la volée. Ils ont presque tous utilisé cette photo de la Première ministre Theresa May assise à l’arrière d’une berline, les yeux, semble-t-il, rougis par des pleurs. «Tearesa», titre en grand The Sun, «La fin de la route» pour le Daily Mail, «Combien peut-elle encore encaisser ?», ose le Daily Express. C’est violent. Mais cela effleure juste la réalité.
Mercredi soir, Theresa May a connu une nouvelle démission fracassante dans son cabinet. Ce n’est pas la première, mais elle est gênante alors que la cheffe du gouvernement doit présenter au vote, dans deux semaines, son compromis sur le Brexit à la Chambre des communes. La ministre chargée des relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, a annoncé mercredi soir sa démission, estimant «ne plus croire» que le gouvernement puisse mettre en œuvre le résultat du référendum de juin 2016 en faveur du Brexit, selon l’Agence France-Presse. Pour Andrea Leadsom, le plan de Brexit que Theresa May s’apprête à soumettre ne permettra pas au Royaume-Uni d’être «pleinement souverain». Un véritable coup de couteau dans le dos qui annonce de grandes difficultés pour la patronne des conservateurs qui a de plus en plus de mal à rester sereine.
Les titres moins mordants étaient également inquiets pour la Première ministre Theresa May, mais moins moqueurs. The Guardian parle d’une Theresa May «barricadée» au 10 Downing Street. Pour le Times, Theresa May se prépare carrément à démissionner après la mutinerie au sein de son gouvernement. Au fil des mois, une trentaine de membres du gouvernement ont déserté les rangs. Du côté des travaillistes, le plan proposé par Theresa May ne convainc pas. On parle même de «réchauffé». Difficile d’espérer un vote positif de la Chambre des communes début juin dans ces conditions.
Il n’y a aucun risque à dire que le feuilleton du Brexit va se poursuivre durant tout l’été. Et ce n’est pas sûr que Theresa May soit conservée au casting. Wait and see, disent les Britanniques. Ce n’est plus à l’ordre du jour. Le Brexit, avec ou sans accord, ce sera le 31 octobre.
Laurent Duraisin