L’image est plutôt trompeuse. Sur les réseaux sociaux, le Premier ministre, Luc Frieden, s’est fait un plaisir de poster une photo où on le voit entouré par les quelque 150 étudiants luxembourgeois réunis samedi dernier à Strasbourg. Les sourires étaient au rendez-vous, l’ambiance très décontractée. Le chef du gouvernement s’est retrouvé bras dessus, bras dessous avec deux étudiantes. Mais, en réalité, il a dû faire face à des jeunes qui n’ont pas digéré la direction prise par la réforme des retraites. Luc Frieden comptait profiter de sa présence à la Réunion européenne des étudiants luxembourgeois (REEL) pour s’expliquer et souligner que les ajustements à venir ne se feront pas sur le dos de la jeune génération. Faux, répondent les représentants de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL). Selon son président, Gianni Di Paoli, les éléments qui se trouvent sur la table ne vont pas assez loin. «Nous avons besoin de perspectives et de croire que le système tiendra à long terme», affirme-t-il.
Les étudiants reprochent au gouvernement un «manque de courage». L’allongement maximal de huit mois de la période de cotisation et une hausse du taux de cotisation de 24 % à 25,5 % permettront de sécuriser le système de pension au mieux jusqu’à 2030. Aussi bien Luc Frieden que la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, également présente à Strasbourg, défendent la décision actée unilatéralement, au bout de l’échec des tractations avec les syndicats et le patronat. Cette mesure de stabilisation à court terme donnerait aux acteurs impliqués le temps de se pencher sur des réformes plus structurelles. Martine Deprez a assuré aux étudiants que les nombreuses pistes soumises lors du processus de consultation n’étaient pas oubliées.
En attendant, le gouvernement tente de noyer le poisson. Le Premier ministre a dit dans les colonnes du Wort qu’il existe «des sujets plus importants que les retraites». Le vice-Premier ministre, Xavier Bettel, clame que, de toute façon, la coalition «n’a pas reçu de mandat de l’électeur» pour mener une réforme approfondie, pourtant annoncée en grande pompe. Comme le démontre la réaction de la jeune génération, le débat sur l’avenir du système de pension n’est pas terminé pour autant.