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Les hostilités sont lancées

Formellement, l’opposition parlementaire n’est pas encore constituée, faute de formation d’une nouvelle majorité gouvernementale. Mais les dés semblent jetés, et les cinq partis qui vont se retrouver face au CSV et au DP n’ont pas tardé à lancer les hostilités. La Chambre renouvelée avait à peine entamé ses travaux, mardi, que le néodéputé Meris Sehovic (déi gréng) a dégainé une première question parlementaire portant sur la composition des délégations appelées à négocier une coalition.

Toujours en ces tout premiers jours de la nouvelle législature, le LSAP, également écarté du pouvoir, a réclamé que les parlementaires aient accès aux plus récents chiffres sur l’état des finances publiques, soumis aux seules délégations du CSV et du DP. Vendredi, le Parti pirate a rejoint le camp socialiste dans sa revendication.

Le président intérimaire de la Chambre, Michel Wolter (CSV), a fini par soumettre une demande formelle au Premier ministre sortant afin qu’il transmette les documents en question aux 46 députés déjà assermentés.

Xavier Bettel ne manquera certainement pas de consulter le formateur Luc Frieden (CSV) avant de trancher, même si une publication des chiffres est dans l’intérêt de tous les acteurs impliqués. Le fait que la situation financière de l’État se soit tellement dégradée en quelques mois à peine interpelle, en effet.

Avant les législatives du 8 octobre, la marge de manœuvre était déjà réduite, même si aucun parti n’a voulu trop s’attarder sur ce fait pendant la campagne électorale. Les prévisions actualisées de l’Inspection générale des finances (IGF), citées notamment par nos confrères de la radio 100,7, évoquent dès à présent un déficit du budget 2023 qui passerait de 228 millions d’euros, annoncés fin juin, à 2,2 milliards d’euros. Le déséquilibre risquerait encore d’empirer en 2024. Si ces chiffres se confirment, bon nombre de promesses électorales, en tête celles avancées par le CSV, risquent d’être rapidement condamnées.

L’opposition a décidé de mettre d’emblée la pression sur le futur gouvernement. Il s’agit d’un rouage démocratique bien huilé, surtout si le Premier ministre désigné se vante de mener une nouvelle, mais surtout une meilleure, politique que le gouvernement sortant.