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Les guerres de l’empire

Tout a commencé avec l’idée dangereuse que nous pouvions transformer en démocratie occidentale des pays qui n’ont aucune expérience»; «La guerre et l’agression ne seront pas mon premier instinct»; «Nous ne pouvons pas avoir de politique étrangère sans diplomatie, une superpuissance comprend que la prudence et la retenue sont les véritables signes de la force».

Qui parle ? Le «socialiste» Bernie Sanders ? Barack Obama ? Non, aussi surprenant que cela puisse paraître, ces mots ont été prononcés, lundi, par le probable candidat républicain à la présidentielle américaine de novembre, à savoir Donald Trump, qui a même tendu la main à Moscou.

Si pour les Américains, particulièrement les personnes d’origine mexicaine et les musulmans, l’accession du pendant outre-Atlantique de Marine Le Pen et autres Geert Wilders à la fonction suprême sera sans doute une mauvaise nouvelle, pour le reste du monde, cela ne va pas de soi.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la libération de l’Europe, le «gendarme du monde» a en effet plutôt fait office de pyromane que de pacificateur. Du soutien des dictatures sud-américaines aux interventions déstabilisatrices aux Proche et Moyen-Orient, en passant par la guerre du Vietnam, l’empire américain, équivalent contemporain de la Rome antique, n’a en rien contribué à créer un monde plus stable.

Côté démocrates, Hillary Clinton, qui a voté en faveur de l’invasion de l’Irak en 2003, a une approche nettement plus agressive en matière de politique étrangère. En tant que secrétaire d’État de Barack Obama, elle fut par exemple une tête de pont en 2011 de la catastrophique campagne militaire dans un autre pays musulman, la Libye, où la question de l’après-Kadhafi n’avait apparemment même pas été effleurée.

C’est sûr, Hillary Clinton présente mieux dans les médias que l’affreux milliardaire et elle pourrait devenir la première présidente des États-Unis, un beau symbole. Mais le reste du monde (surtout au Moyen-Orient) risque sans doute de recevoir plus de bombes sur la tête avec elle.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)