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Les faits alternatifs

C’est parti. Donald Trump est en roue libre. Il est président depuis quelques jours et l’une de ses trois premières grandes mesures s’attaque aux femmes. Comme l’avortement est protégé par les textes de loi, l’homme d’affaires s’attaque au nerf de la guerre : le financement. Sans financement, les plannings familiaux à travers le pays ne pourront tout simplement plus travailler. Et au-delà de la problématique de l’avortement, ce sont des millions de femmes qui n’auront plus accès à la contraception, à un suivi pendant leur grossesse, à des conseils quant à leur sexualité, bref, à tout ce qui fait, de près ou de loin, la vie d’une femme. La photo de la signature du décret est particulièrement flagrante. Sept hommes autour d’un texte qui décident des droits reproductifs des femmes. Édifiant.

Comme si s’attaquer aux droits des femmes, après une marche qui a regroupé près de deux millions de personnes dans les rues du monde entier, était une priorité du pays. S’attaquer en première mesure à la moitié de la population en dit long de la présidence à venir de monsieur Trump. Ceci dit, nous ne pouvons pas dire que nous sommes surpris. Il avait prévenu, et souhaite sans doute s’assurer du soutien de la branche des religieux extrémistes du Parti républicain.

Les journalistes ont également du souci à se faire. Contredire Trump par un fait avéré est balayé du revers de la main par Kellyanne Conway, sa conseillère, qui parle de «faits alternatifs» dès que les journalistes pointent les mensonges de Trump. Ce dernier ne s’embarrasse pas et préfère qualifier de menteur et de discréditer tout journaliste qui ose mettre à jour ses contradictions. Qu’on appelle un mensonge un «fait alternatif» revient à la même chose, l’équipe Trump, et donc désormais le gouvernement américain, ment effrontément à sa population. Et ce n’est qu’un début. La presse américaine va devoir se battre bec et ongles pour faire triompher les faits. Le défi est de taille, mais il sera passionnant à relever.

Audrey Somnard