Que Donald Trump soit éclaboussé par une affaire de prétendue sextape mêlant prostitués, urine et chantage, pardon de le dire, mais on s’en contrefiche. Après tout, vu les dérapages publics que se permet ce mégalomane depuis des années, on n’est pas pressé de découvrir les détails de sa vie privée. Hélas, entre cette «fake news» invérifiée et le fait que Trump a admis que la Russie a bien commandité le piratage informatique du Parti démocrate d’Hillary Clinton pendant la campagne électorale, on devine aisément ce qui fait actuellement le plus le buzz.
Rappelons pourtant que ces pirates ont volé des milliers de documents au Comité national démocrate, et que la révélation publique de ces documents a considérablement affaibli le camp Clinton dans la dernière ligne droite des élections, avec le résultat que l’on sait. On ne prend toujours pas la mesure de leur gravité, mais ce genre d’attaque 2.0. se multiplie, partout dans le monde. De même qu’on n’insiste pas assez sur une pratique de plus en plus répandue, et menaçant le fondement de la démocratie : le vote électronique.
Les États-Unis, ces «champions» de la démocratie, se sont empressés d’adopter ces machines de vote. Or il n’y a pas besoin de les démonter pour comprendre leur danger. Dans toute démocratie qui se respecte, quand un vote manuel a lieu, ce vote et son dépouillement sont publics. Les urnes transparentes et le dépouillement devant témoins permettent à un simple citoyen de contrôler le bon déroulement du scrutin.
Avec le vote électronique, on s’en remet à la prétendue neutralité et infaillibilité des machines, oubliant que seuls quelques experts peuvent le certifier, et que cette infaillibilité peut être corrompue par des personnes internes ou externes. Des experts en cybersécurité ont déjà démontré à maintes reprises que hacker un vote électronique est possible.
Cet abandon d’un garde-fou citoyen au profit des machines nous rappelle, comme le piratage du Parti démocrate américain, que certains «progrès» créent d’inquiétantes failles. Nos démocraties vacillantes peuvent-elles vraiment se permettre de prendre de tels risques ?
Romain Van Dyck