C’est pendant les compétitions sportives internationales que l’esprit patriotique de chacun refait surface, et au Grand-Duché plus qu’ailleurs, c’est dans ces moments-là que la diversité de la population transparaît le plus. Si le pays n’a pas eu à faire face à une déferlante de drapeaux cette année, quelques balcons en arborent néanmoins un, accompagné du Roude Léiw. La communauté portugaise a fait du bruit, mercredi soir, après la victoire de sa sélection contre le pays de Galles, beaucoup de bruit. Dans les quartiers de la capitale et dans une ville comme Esch-sur-Alzette, les Portugais ont laissé éclater leur joie d’avoir obtenu leur ticket pour la finale de l’Euro, jusque parfois tard dans la soirée, sous le regard bienveillant de la police.
Pourtant, l’équipe revient de loin. Il s’agissait du premier match gagné par les Portugais dans cet Euro-2016 au cours des 90 minutes du temps réglementaire. Cela paraît un peu léger pour aborder la finale, mais il sera bien temps de s’en préoccuper dimanche. En tout cas, le Luxembourg ne faisant pas partie de la compétition, il n’y a finalement pas de heurts entre supporters. Mercredi soir, la communauté portugaise défilait également à Paris sur les Champs-Élysées pour célébrer la victoire. Des expatriés, des immigrés qui n’ont pas oublié leurs racines. Car le sport, et le football en particulier, a cette tendance à susciter la fibre patriotique qui était enfouie en nous jusque-là, et qui se réveille tous les deux ans. Se souvenir du grand-père italien qui a transmis le nom de famille mais qu’on avait un peu oublié, les conflits ancestraux ravivés entre Français et Anglais, tout ça est de bonne guerre.
Les Luxembourgeois observent ces événements avec un recul amusé parfois, agacé sans doute aussi. Comme si, pendant quelques semaines, il fallait choisir son camp, montrer ses couleurs, soutenir l’équipe correspondant à sa nationalité de cœur ou de passeport. Les binationaux sont légion au Grand-Duché, et si les Luso-Gallois étaient peu nombreux, les Franco-Allemands ont dû regarder le match avec un petit tiraillement en se disant que dans tous les cas c’était à la fois la victoire et la défaite assurées.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)