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Les démons du passé

À partir d’aujourd’hui, le SREL va de nouveau attirer pas mal l’attention, alors qu’à la base, un Service de renseignement, en l’occurrence celui de l’État luxembourgeois, se doit de travailler dans la discrétion. Le procès contre trois ex-agents secrets, qui s’ouvre ce matin, va en effet permettre de se replonger dans la longue série de dysfonctionnements qui avait mené, en juillet 2013, à la chute du Premier ministre, Jean-Claude Juncker. En tant que chef politique, il avait été reconnu responsable par la commission d’enquête parlementaire des dérives commises par une poignée d’agents, devenus des électrons libres.

Ce psychodrame politique, qui connaît, après deux reports, enfin une suite judiciaire, a permis de lever le voile sur des malversations telles que l’espionnage politique pratiqué pendant des décennies. Début février, le rapport des historiens Nadine Geisler et Jean Reitz sur les archives du SREL a permis de replonger en pleine guerre froide.

Le procès du SREL pourrait aboutir à d’autres révélations explosives. Les faits soumis aux juges possèdent en effet des liens avec l’affaire Bommeleeër, dont le procès hiberne depuis juillet 2014. Le CD crypté qui se trouve à la base des écoutes illégales reprochées aux trois ex-agents du SREL contiendrait en effet une conversation entre l’ancien Premier ministre, Jean-Claude Juncker, et le Grand-Duc Henri au sujet d’une éventuelle implication du Prince Jean, frère du chef de l’État, dans la série des attentats à la bombe survenue dans les années 80.

Les trois prévenus du procès SREL sont déjà passés à la barre lors du procès Bommeleeër. Jean-Claude Juncker, attendu au tournant dans ce nouveau procès, également. L’ancien Premier ministre a déjà évoqué des lacunes de mémoire, comme bon nombre de personnes entendues dans l’affaire des poseurs de bombe. Sera-ce toujours le cas lors des huit audiences programmées ? Aujourd’hui, il sera au tour des juges d’être à l’écoute. Une (bonne ou mauvaise) surprise n’est pas à exclure.

David Marques