Ce sont les démons du passé qui ont refait surface en ce début de semaine. La révélation par nos confrères du Wort et de RTL de l’entrevue privée de Xavier Bettel, alors vice-président de la commission d’enquête parlementaire sur le Service de renseignement de l’État (SREL), avec l’ancien agent André Kemmer ont cueilli à froid l’actuel Premier ministre. Même si cette nouvelle «affaire» ouvre la porte à de nombreuses interrogations, il ne faut pas perdre des yeux le jeu politique orchestré par le CSV pour blâmer ceux qui l’ont chassé du pouvoir en 2013.
S’agit-il en fin de compte d’une tempête dans un verre d’eau? Ou est-ce que les tergiversations de Xavier Bettel risquent de mener à une nouvelle crise politique? La réponse se situe certainement entre les deux scénarios. Une chose est par contre acquise : la gestion du dossier par Xavier Bettel est pour le moins malheureuse. Hier, le Premier ministre a admis avoir commis une «erreur» en n’ayant pas communiqué plus ouvertement sur son entrevue avec André Kemmer. Sa démission tardive de la commission d’enquête parlementaire, qui a été justifiée par d’autres arguments que l’«instrumentalisation» évoquée aujourd’hui, jette une ombre sur Xavier Bettel. Ce manque de transparence était-il voulu pour ne pas entacher le travail de la commission d’enquête parlementaire? La réponse devra être livrée rapidement pour éviter une nouvelle cacophonie politique.
Tout cela constitue, bien évidemment, une aubaine pour le CSV. Après plusieurs couacs, l’affaire des dysfonctionnements du SREL avait finalement fait déborder le vase et provoqué la chute de Jean-Claude Juncker. Près de trois ans plus tard, le camp chrétien-social saute sur l’occasion pour prendre sa revanche. Par la même occasion, il réussit à dresser un écran de fumée pour détourner l’attention de sa responsabilité dans l’affaire du SREL. Personne n’est donc tout blanc dans cette affaire rocambolesque, qui a vite disparu de la circulation après l’annonce des élections anticipées en 2013.
David Marques (dmarques@lequotidien.lu)