L’engagement revient à chaque début de législature. Mardi, la nouvelle présidente du Bundestag, Julia Klöckner, a assuré que les fractions de la future coalition gouvernementale ne cautionneraient pas aveuglément les projets de loi introduits au Parlement allemand. Autrement dit : les députés de l’union conservatrice CDU/CSU et les élus sociaux-démocrates du SPD refuseraient d’être des béni-oui-oui.
Au Luxembourg, le ton était semblable lors de la constitution de la Chambre des députés formée après les élections d’octobre 2023. Marc Spautz, le chef de la fraction du CSV, affirmait que les 21 élus chrétiens-sociaux allaient se montrer critiques envers les projets soumis par le gouvernement conservateur-libéral. Son homologue du DP, Gilles Baum, est resté plus réservé. Il aime d’ailleurs renvoyer vers l’accord de coalition pour justifier le rejet des initiatives parlementaires de l’opposition, même si les propositions sont conformes aux idéaux des libéraux. Le CSV n’est pas en reste. Et on se rappelle très bien le bras de fer sur la mise en place de la commission spéciale Caritas, alors que la mission première de tout député est de contrôler l’action du gouvernement.
Par le passé, le LSAP et déi gréng ont, eux aussi, juré que leurs élus remettraient ouvertement en question, le cas échéant, des projets soumis par les ministres des gouvernements dont ils faisaient partie. «Aucun texte ne ressort de la Chambre comme il a été déposé par un ministre», aiment clamer les députés de la majorité. En réalité, les changements sont rarissimes. Et si un projet de loi est revu et corrigé, le «mérite» en revient majoritairement au Conseil d’État, qui retoque régulièrement des textes, aussi bien sur la forme que sur le fond. Comme le veut la «tradition», les amendements de l’opposition sont en principe rejetés en bloc.
Un test attend désormais la majorité, et plus particulièrement le CSV. Marc Spautz ne cache pas que, selon lui, la libéralisation des heures d’ouverture dans le commerce ne va pas dans le bon sens. L’ancien syndicaliste devrait donc chercher à trouver une majorité pour rectifier le tir. Un tel scénario est cependant très improbable. Les béni-oui-oui ne semblent pas vraiment prêts à s’émanciper pour renforcer le statut de la Chambre comme premier pouvoir du pays.