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L’embarras molenbeekois

Molenbeek-Saint-Jean, de son nom complet, est une petite commune densément peuplée de Bruxelles. Accueillant plus de 100 nationalités différentes, Molenbeek est également un quartier pauvre devenu en quelques années un vivier pour les jihadistes.

Depuis quelques jours, ce quartier multiculturel est montré du doigt par la France. La cause? Les attentats de Paris ont, selon les mots du président Hollande, été organisés depuis cette commune. En effet, ces dernières années, certains habitants de la commune (Molenbeekois), se sont rendus tristement célèbres : Abdessatar Dahmane, l’un des assassins du commandant Massoud, Youssef et Mimoun Belhadj et Hassan El Haski, cerveaux des attentats de Madrid du 11 mars 2004, Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles.

Il faut ajouter à cela qu’Amedy Coulibaly, un des auteurs des attentats de janvier en France, y avait trouvé des armes, et que plusieurs terroristes des attentats de vendredi viennent de cette commune. Molenbeek est donc depuis désignée comme le berceau du terrorisme et de sa filiale salafiste. Embarras des politiques belges qui se sont très vite renvoyés la balle, accusant tantôt l’ancien bourgmestre, tantôt le laxisme de tel ou tel parti politique.

En attendant, les Molenbeekois se demandent depuis des années ce que fait la police. Les politiques belges sont bien trop occupés dans leur bras de fer avec les syndicats sur des questions sociales, à s’entredéchirer sur des questions linguistiques futiles entre Flamands et Wallons ou encore à montrer du doigt le supposé paradis fiscal luxembourgeois.

Devons-nous pour autant stigmatiser nos voisins belges et Molenbeekois? Non, bien entendu. Tout comme la France n’enverra pas ses Rafales bombarder les mosquées de Molenbeek, au grand dam de Zemmour, Waterloo n’étant pas si loin que cela, évitons de répéter les erreurs du passé. Plus sérieusement, la question à se poser est de savoir si le recul de la démocratie n’a pas commencé lorsque les autorités et les politiques, ici, à Molenbeek ou ailleurs, ont baissé les bras face à la radicalisation.

Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)