Aussi imprévisible et impulsif qu’un certain président états-unien sur les réseaux sociaux, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, n’en finit plus d’occuper le devant de la scène politique et de faire parler de lui.
Entre récupération politique du désastre du pont Morandi de Gênes, attaques dirigées vers l’Union européenne et tweet à consonance populiste et xénophobe – lorsqu’il qualifie de «bonne nouvelle» le fait que les migrants du bateau Aquarius aient enfin trouvé un port d’accueil ailleurs qu’en Italie et que d’autres États membres de l’UE, dont le Luxembourg, aient donné leur aval pour se répartir ces migrants – Salvini scandalise puis étonne, lorsque Malte annonce que l’Italie devrait finalement aussi en accueillir.
Et comme il ne fait jamais les choses à moitié, le soir du drame de Gênes, alors que l’Italie comptait ses morts, des photos de lui, prenant part à un banquet festif dans le Mezzogiorno, ont circulé sur les réseaux sociaux, indignant bon nombre d’Italiens. Cela étant, le leader de la Lega se trouve indéniablement à un moment clé de son début de mandat et, de manière plus générale, à un instant charnière de sa carrière politique. En effet, sa politique de communication ne peut qu’avoir un impact non négligeable sur la viabilité de sa crédibilité à gouverner un pays, alors qu’il tente, par tous les moyens, de manipuler insidieusement son opinion publique avec des propos clairement démagogues et populistes.
Et quand Salvini décide de jouer au justicier, cela se manifeste par une attaque agressive et vindicative adressée à la société privée en charge de la gestion du pont Morandi. Avant même toute concertation avec les dirigeants de la firme en question, le ministre de l’Intérieur indique publiquement que la concession contractée avec la société contrôlée par Benetton sera révoquée. L’annonce prouve, une fois de plus, que Salvini fonctionne à l’impulsivité, et que son désir de «vendetta» est une priorité.
Bref, la politique de communication du ministre est empreinte de l’amateurisme propre aux politicards qui, finalement, n’ont aucune expérience du pouvoir et du processus décisionnel qui s’y rapporte. Les Italiens sont-ils prêts à être gouvernés à coups de tweets et de déclarations distillés à chaud ?
Claude Damiani