Le visage des migrants

Le Luxembourg sort doucement de sa torpeur estivale avec encore quelques jours de Schueberfouer qui nous font oublier que les vacances sont sur le point de se terminer. Les sujets chauds de la rentrée sont déjà apparus dans le fil d’une actualité qui a été finalement assez chargée cet été. Ainsi, le dossier des migrants n’a pas fini de faire la une des journaux. Alors que LeQuotidien s’est évertué à montrer, dans une série qu’il leur a consacrée cet été, que les réfugiés avaient des visages, des histoires, des destins qui peuvent contribuer à la richesse du pays, le nombre de ceux qui affluent en Europe inquiète.

Les images de hordes d’hommes, de femmes et d’enfants prêts à tout pour rejoindre l’eldorado européen sont effrayantes. De notre point de vue, on peut se demander ce qu’ils viennent chercher, alors que la plupart des pays européens souffrent d’un chômage galopant et d’un regain populiste et protectionniste. Si les images sont fortes, il ne faut pas oublier que les chiffres avancés sont moins impressionnants, ramenés à la population totale en Europe, sachant que l’Union européenne devrait partager ce «poids» à travers ses États membres. Il serait grand temps d’agir, alors qu’on laisse sur le bas-côté de la route un camion plein de corps de migrants en décomposition. On pensait avoir auparavant déjà atteint le sommet de l’horreur, mais les limites sont, semble-t-il, appelées à être sans cesse franchies, sans que des actions concrètes soient prises pour arrêter ces tragédies, des deux côtés des frontières.

L’Allemagne est le pays européen qui accueille le plus de demandeurs d’asile : 800 000 y sont attendus cette année. Soit trois fois plus que la France. Les initiatives citoyennes se multiplient pour les accueillir au mieux. Le journal Bild a même encouragé, samedi, ses lecteurs à davantage de tolérance à l’égard de ces nouveaux arrivants, avec sa une intitulée «Wir helfen» (nous aidons) et un appel d’une centaine de personnalités destiné à contrer les relents xénophobes et les attaques contre les centres pour réfugiés. Reste que la population locale a besoin d’être rassurée face à un afflux de migrants qui est loin d’être maîtrisé.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)